Le 16 juin 2014

- Acteur : Lana del Rey
Toute la puissance d’évocation de Born to die se retrouve dans l’album hanté de sensualité sombre qu’est Ultraviolence le nouveau joyau de Lana del Rey...
Sortie : le 16 mai 2014
Toute la puissance d’évocation de Born to die se retrouve dans l’album hanté de sensualité sombre qu’est Ultraviolence le nouveau joyau de Lana del Rey, sur lequel l’on sent planer l’ombre de Dan Auerbach des Black Keys...
Ultra Violence s’est laissé découvrir peu à peu, au fil des semaines, avec des singles promo, qui ont donné le ton. Mystères opaques, émotions refoulées, noirceurs insaisissables, blues funeste, où les splendeurs sont autant de vertiges létaux.
Comme le clip de West coast, hymne à une certaine déchéance californienne, le montre, Lana del Rey demeure une belle poupée vulnérable, attirée par l’éclat matériel, et sujette à une aspiration fascinée pour l’autodestruction et les bad boys plus âgés (Brooklyn Baby et son amour pour un musicien de jazz moins cool qu’elle...).
Ultraviolence, l’album, confirme l’extase morbide des trips musicaux de la belle Lana, qui ne change pas d’univers, et poursuit son road-movie naturaliste, où fêlures familiales déterminent les courbes vocales de mélodies qui aiment s’envoler, quand elles ne sont pas emmitouflées dans des instrumentations envoûtantes.
L’album aux sonorités vibrantes explore les noirceurs des états d’âme de la dame, que beaucoup prétendent n’être que faux-semblant. Peu importe l’image de Lana, le résultat est à l’unisson, des textures glamour aux clichés tristes californiens qui enivrent les sens, notamment au gré de quelques errances de guitare, comme sur le très élégant Cruel World. La vulnérabilité de la chanteuse qui aime accompagner la promo de déclarations morbides tonitruantes (elle préférerait être morte, et s’amuse à évoquer sa maladie...), est égrainée de titres en titres, avec une réjouissance sensorielle de chaque instant sur Pretty when you cry, Old Money, l’infernal Fucked my way up to the top, ou la reprise de Nina Simone, The Other Woman.
La patte de Dan Auerbach, guitariste et chanteur des Black Keys, imprègne le disque, même si elle n’inculque pas la même énergie que sur ses disques. Ultraviolence, volontairement amorphe, semble dans tous les cas très proche de son prédécesseur, explorant les mêmes dysfonctionnements de l’âme, et s’érige une fois de plus comme un hymne désenchanté à l’iconographie féminine, victimisée avec consentement dans l’univers brisé d’une Amérique mythique qui évoque les grands noms d’une culture qui tourne en rond (poésie, littérature, peinture, cinéma, musique, la Hooper’s touch est omniprésente)...
Au cinéma, Lana del Rey donnerait une jolie production indie programmée à Sundance. Alors Lana, comédienne devant l’éternelle ? En tout cas, plus que jamais, il y a du Laura Palmer en elle... son Ultraviolence, au titre et paroles sur le mode de l’oxymore où les coups reçus sont autant de baisers (sic), convoque à chaque instant les eaux troubles de l’univers lynchien de Twin Peaks...