Le 11 mai 2022
- Date de sortie : 11 mai 1967
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
- Reprise: 5 mai 2022
Disponible sur
Plein d’une humanité vibrante et touchante, ce roman qui date de 1967 est un portrait tout en nuances d’un retraité démuni face à la vie et face à la jeunesse, amer, qui redevient père l’espace d’un instant.
Résumé : En ces années 1960, la jeunesse américaine se berce d’illusions et d’utopies. Joe Allston, retraité, regarde cette époque agitée avec ironie. Seule l’affection que sa femme, Ruth, et lui portent à un jeune couple du voisinage les rattache encore au monde extérieur. Leur existence confortable et routinière va se voir chamboulée par l’installation d’une colonie de hippies à proximité. Entre indulgence et exaspération, Joe et Ruth vont se retrouver confrontés à une jeunesse qu’ils ne comprennent plus guère.
Critique : Joe le comprend durant ce roman, le bien n’est pas dissociable du mal, la vie, de la mort. Malgré sa pensée manichéiste, son entêtement parfois rétrograde et raciste, son opiniâtreté bourrue, le narrateur a des côtés touchants qu’il dévoile au contact de Marian, sa nouvelle voisine. La jeune femme, pleine de vie et d’optimisme ouvre Joe à l’autre, lui fait lentement découvrir d’autres façons de penser. Le lien qui se noue entre elle et lui est tendre, rappelant celui qui unit un père et sa fille, chacun retrouvant là un rôle qu’il avait oublié être capable de tenir.
Le style verbeux de La vie obstinée concourt à rendre ce protagoniste si vivant, agacé et agaçant, malgré le bon cœur qu’il dissimule sous sa carapace. Son amour pour son jardin, ses arbres et ses fleurs, la haine qu’il voue aux gauphres, ces nuisibles qui peuplent le sous-sol de son terrain, mènent à des descriptions somptueuses quoique parfois à la limite du lyrisme – mais s’y sent la légère dérision de Wallace Stegner, son attachement à ce personnage à part entière, amer et cynique, mais blessé par les épreuves et les deuils traversés. Après l’arrivée de Marian et de sa petite famille, Ruth, la femme de Joe, n’est plus la seule à-même de lui faire entendre raison, de le tempérer. Avec douceur mais fermeté, les deux femmes tâchent de le faire sortir de ses certitudes et y parviennent, contrairement à Peck, un squatteur hippie qui campe sur les limites de leur propriété et ne cherchera jamais vraiment à affronter son parfait antagoniste.
L’auteur met en scène des opinions divergentes, confronte des modes de vie et des personnalités aux antipodes, mais parvient à donner de la matière et du cœur à chacun. L’émotion monte lentement alors que la plume s’assagit et se simplifie quoique sans perdre sa poésie – au contraire. Malgré une scène dont Wallace Stegner aurait pu faire l’économie, scène qui a plutôt tendance à briser l’émoi du lecteur qu’à l’accentuer, ce livre est un superbe roman sur l’humanité, sur la vie, envers et contre tout.
Wallace Stegner - La vie obstinée
Gallmeister
448 pages
11,80 Euros
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Galerie photos
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