La Vie moderne - La chronique BD

Bienvenue dans la littérature de demain. Illustrateur doué, c’est sur Instagram que Livio est repéré, puisque ses productions séduisent, font rire, attirent. C’est donc logiquement, façon Younger, que l’édition de ses gags viennent noircir les blancs d’une page papier et non d’un écran. Et il faut souligner le trait, de cet héritier de La Bruyère qui s’ignore, car il a l’acerbe de la satire sans la distance du moralisateur. On comprend bien que l’auteur, du brunch et de la soirée branchée, il en a soupé, pour avoir à disposition des exemplaires de Parisiens plutôt aisés, étudiants ou bobos, qui déambulent et n’hésitent pas à partager leurs opinions de manière ostentatoire, de quoi gonfler les bulles de l’auteur sans problème d’authenticité.

Delcourt / Livio Bernardo

Si l’effet est aussi bon, c’est parce que le trait est tranchant. Certes, les dialogues donnent le sens à l’album, mais le dessin, même lorsqu’il est absent (voir certaines pages noires), donne le ton à l’ensemble. Les piercings apparents, les tatouages qui dépassent, les vêtements à la mode pure de 2018, les yeux fatigués en soirée et les bouteilles qui traînent créent une véritable ambiance qui ne fait pas qu’encadrer les paroles des uns et les commentaires de l’un, mais donnent véritablement l’identité et l’originalité à cette galerie de portraits.

Delcourt / Livio Bernardo

Satire en apparence facile et légère dans les premières pages, c’est lorsque l’on commence à tomber sur des pépites bien développées que l’on comprend que l’auteur a définitivement un coup d’oeil, un coup d’oreille et de main.