Le 1er octobre 2013
Isabelle Czajka capte le quotidien morne et pesant de quatre desperate housewives.


- Réalisateur : Isabelle Czajka
- Acteurs : Emmanuelle Devos, Natacha Régnier, Julie Ferrier
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h33min
- Date de sortie : 2 octobre 2013

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Isabelle Czajka capte le quotidien morne et pesant de quatre desperate housewives.
L’argument : Juliette n’était pas sûre de vouloir venir habiter dans cette banlieue résidentielle de la région parisienne. Les femmes ici ont toutes la quarantaine, des enfants à élever, des maisons à entretenir et des maris qui rentrent tard le soir. Elle est maintenant certaine de ne pas vouloir devenir comme elles. Aujourd’hui, Juliette attend une réponse pour un poste important dans une maison d’édition. Un poste qui forcément changerait sa vie de tous les jours.
Notre avis : Adaptant le roman anglo-saxon Arlington Park (de Rachel Cusk), Isabelle Czajka resitue l’action dans une banlieue résidentielle de la région parisienne. La cinéaste garde cependant l’esprit du livre, qui est de déconstruire la banalité du quotidien et l’étouffement que celui-ci peut engendrer à travers le regard de quatre femmes. Quatre personnages que l’on va suivre le temps d’une journée mais une journée qui ne fait que se répéter. La démarche de la cinéaste est de se focaliser sur l’universalité du destin de ces quatre femmes, et de montrer les perversités insidieuses notamment dans le rapport hommes/femmes. Que ce soit dans leur couple, ou dans leur vie professionnelle, elles sont constamment réduites à leur vie domestique.
La force de la cinéaste est de ne pas tomber dans le surlignage, contrairement au film de Sam Mendes, Les Noces Rebelles. Dans ce dernier, le conditionnement du couple, formé par Kate Winslet et Leonardo Di Caprio, était rappelé à chaque dialogue. Ici, au contraire tout passe par la mise en scène, notamment par le jeu très appuyé des acteurs, jeu théâtralisé ou social… Les seuls moments de recul et de lucidité sont lorsque ces femmes se retrouvent seules. La réalisatrice s’attarde longuement sur leurs visages qui traduisent une grande détresse. Le film est également dur car la moindre tentative de sortir de ce quotidien et de ce lieu semble vaine. En effet, on ne s’éloignera jamais de cette banlieue, et le rêve professionnel de Juliette (Emmanuelle Devos) semble voué à l’échec. Fraîchement arrivée au sein de cette communauté, elle a pu goûter à autre chose, à une autre vie, et Isabelle Czajka nous montre le piège dans lequel elle se trouve, et sa résignation finale n’en est que plus bouleversante.
Même les événements extraordinaires semblent ici banalisés avec en arrière fond la disparition d’une petite fille vivant dans la cité d’à côté. Cela est évoqué tout le long du film mais n’arrivera jamais à modifier le comportement de ces personnages (mis à part Juliette), et ne mettra pas à mal ce quotidien. Il faut souligner enfin le très beau travail sur le temps, avec une sensation d’allongement, d’ennui s’alternant avec un sentiment d’urgence via le personnage de Juliette. La Vie domestique est donc un film fort, à l’ambiance oppressante, dont on pourra cependant reprocher un manque de nuance notamment dans sa peinture de la gente masculine (personnages qu’on ne peut sauver, et pour lesquels on ne peut avoir aucune empathie).