La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche : triple Palme d’or militante de Steven Spielberg et de son jury

Choix de la presse française, unanime mais aussi choix du jury de Steven Spielberg, La Vie d’Adèle est le triomphe de cette 66e édition du Festival de Cannes, avec une triple Palme d’or...

Coup de foudre absolu de la presse française, avec une pleine ligne de "Palmes" dans Le Film Français, qui recensait quotidiennement les avis des plus grands titres de la presse papier française, La vie d’Adèle, de par son insolente fraîcheur, sa sexualité décomplexée, son naturel exaspéré s’imposait comme la révélation de cette 66e édition du festival de Cannes. Il n’était pourtant pas un choix aisé pour Steven Spielberg, au cinéma plus pieux, moins sexué. Mais dans un contexte français de sensibilités exacerbées vis-à-vis du mariage pour tous, la décision n’est peut-être pas anodine.
Ce film fleuve de 2h55 qui relate avec la syntaxe cinématographique d’Abdellatif Kechiche, une histoire d’amour passionnelle entre deux filles, a également marqué par le jeu fusionnel des actrices, Adèle Exarchopoulos, une révélation, et Léa Seydoux, les cheveux bleus dans le film, à l’image de l’héroïne de la bande-dessinée dont s’inspirait Abdellatif Kechiche. Elle rayonnait, comme dans le remarquable Grand Central, en compétition dans la section Un Certain Regard. Les comédiennes partagent la Palme d’or avec le réalisateur ému, qui dédie le film " à cette belle jeunesse de France" qui (lui) a beaucoup appris sur l’esprit de liberté et de vivre ensemble, et à une autre jeunesse, celle de la révolution tunisienne"...

La vie d’Adèle a reçu également ce samedi le prix Fipresci de la critique internationale pour la Compétition officielle. Il confirme la place majeure du cinéaste Abdellatif Kechiche au coeur du cinéma français. D’origine tunisienne, le cinéaste a déjà été césarisé pour La Graine et le Mulet et L’esquive.
On soulignera également la bonne santé du cinéma français à Cannes après la Palme de Entre les murs en 2008 et Amour en 2012 (coproduction), sans oublier le prix du Jury de Polisse de Maiwenn en 2009, ou la révélation de The Artist en 2011 (prix d’interprétation masculine).

La vie d’Adèle est adapté librement d’une bande dessinée de Julie Maroh Bleu est une couleur chaude (éditions Glénat) qui a reçu en 2011 le prix du public à Angoulême.