L’histoire vraie du hors-la-loi Ned Kelly qui écuma l’Australie à la fin du XIXe siècle. Un roman brut, haletant, et profondément humain.

Le bandit et chef de bande Ned Kelly écrit à sa fille. Il est recherché, en cavale, et sait que sa vie sera courte et sa légende déformée par ses détracteurs. Alors, il veut laisser ce témoignage à cette enfant qui ne le connaîtra jamais vraiment.
Descendant d’immigrés irlandais, déshonoré par les comportements de son père (mouchard, travesti, apeuré par un séjour en prison qui lui a ôté toute fierté et tout courage), miséreux, enfant puis adolescent moqué et rabaissé au quotidien, forcé de quitter l’école trop tôt, le jeune Ned deviendra hors-la loi malgré lui. Suivant en dépit des dangers les règles imposées par son honneur, il ne fera, malgré son désir d’une vie paisible, plus jamais marche arrière.
Ce roman est basé sur les authentiques lettres du non moins authentique Ned Kelly, hors-la-loi qui, à la tête de son petit gang, écuma l’Australie, défia le pouvoir en place et fut exécuté à l’âge de vingt-cinq ans pour vol, braquages et meurtres. Populaire, Ned Kelly est entré dans la légende de ces figures rudes, violentes, authentiques, que leurs contemporains n’ont pas épargné et qui le leur ont bien rendu. Alors, Robin des Bois moderne ? Héros ? Ou tueur sanguinaire et sans merci ? Les avis concernant cette figure de l’Australie sauvage divergent autant que ceux relatifs aux grands desperados américains. Peter Carey propose une vision intermédiaire en nous présentant un garçon victime de son destin. Homme d’honneur, ayant pâti de sombres rancœurs familiales, poussé par sa mère dans le sillage d’un bandit de renom qui lui apprendra les ficelles du métier, le coupant à jamais de son rêve de devenir un paisible propriétaire terrien.
L’existence brève et mouvementée de Ned Kelly a été mise en image au cinéma par Tony Richardson en 1970 puis par Gregor Jordan en 2003, avec respectivement Mick Jagger et Heath Ledger dans le rôle-titre. L’ennemi public numéro un prend à nouveau figure humaine dans ce roman vif et rude comme devait l’être ce personnage. Dans un style brut, familier, sans la moindre ponctuation, ce qui pourra dérouter de prime abord, Peter Carey donne vie à cet homme sans éducation mais profondément humain. Une belle réussite, autant narrative que littéraire.