Le 20 juin 2023
- Scénariste : Marino Neri>
- Dessinateur : Marino Neri
- Coloriste : Marino Neri
- Genre : Chronique sociale, Société, Polar
- Editeur : Casterman
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 24 mai 2023
Disponible sur
La chaleur et la tempête rongent le nord de l’Italie comme les quelques personnages qui évoluent dans ce thriller atmosphérique implacable et assez impressionnant.
Résumé : Italie. Un car conduisant les employés d’une entreprise à une formation tombe en panne. Manuel, l’un des passagers, décide de continuer à pied. Il arrive dans un village et boit une bière dans un bar où trônent deux représentations de Mussolini. Il vient en aide à celui qui est manifestement considéré comme l’« idiot » du lieu, malmené par un nouvel habitant. Continuant sa route, il recroise l’agressé et tous deux entrent dans la maison de l’agresseur, située en bordure d’un lac alpin. Quiproquos, manipulations et rebondissements peuvent débuter.
Marino Neri / Casterman
Critique : Si la scène inaugurale évoque la danse effectuée par le personnage principal de Mother (Madeo, 2009) de Bong Joon Ho, la villa et ses baies vitrées comme le violent orage et ses éclairs rappellent Parasite (Gisaengchung, 2019) du même cinéaste. Quant au trio central et à l’atmosphère du récit, ils remettent en tête Les amants diaboliques (Ossessione, 1943) de Luchino Visconti - adaptation du roman Le facteur sonne toujours deux fois (The Postman Always Rings Twice, 1934) de James M. Cain -, lui-même situé dans la torpeur italienne. Ces références cinématographiques, qu’elles soient ou non des influences de Marino Neri, circonscrivent le périmètre dans lequel évolue le récit : des décors à l’identité marquée, une intrigue et un propos particulièrement sombres, une importance accordée aux éléments (eau, feu), un drame - voire une tragédie - annoncé et des partis pris visuels forts.
Par ailleurs, Marta exceptée, l’auteur n’épargne aucun de ses personnages : ces derniers sont au mieux terre à terre et à l’écoute de leurs seuls désirs, au pire imbus d’eux-mêmes, lâches et prêts à tout.
Marino Neri / Casterman
Il résulte de tout cela un roman graphique d’atmosphère à l’ambiance particulièrement pesante, comme bien des auteurs anglo-saxons savent en trousser. La construction du récit est implacable et impeccable, fluide et sèche, rien n’étant superflu, mais l’auteur a la bonne idée de laisser des moments de flottement qui contribuent à tendre encore davantage le récit.
Marino Neri / Casterman
Marino Neri n’évite pas certains clichés, ni certaines symboliques, notamment liés au désir, voire il en joue volontiers : une scène de masturbation est suivie plus loin de la projection de neige carbonique sur un arbre en feu, représentation pouvant évoquer une éjaculation.
La tempête est une œuvre intense, glaçante mais à la facture jamais glaciale.
152 pages – 25,00 €
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