Le 28 novembre 2015
Un jeu de massacre réjouissant, mais filmé de manière conventionnelle.
- Réalisateur : Henri Verneuil
- Acteurs : Fernandel, Édouard Delmont, Andrex, Maria Mauban, Berval
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 1er février 1952
L'a vu
Veut le voir
– Sortie DVD : le 18 novembre 2015
Un jeu de massacre réjouissant, mais filmé de manière conventionnelle.
L’argument : Lorsque la femme d’Urbain Coindet, conseiller municipal du village de Cantagrel, est découverte pendue dans sa maison, c’est le scandale. Alors que les uns défendent Coindet en prônant la thèse du suicide, les parents de la défunte laisse entendre que leur gendre pourrait être coupable d’homicide... Les vieilles rancœurs resurgissent et les villageois se divisent en deux clans.
Notre avis : Plus que la mise en scène assez conventionnelle de Verneuil qui, pour son premier film a l’audace discrète (voir le plan de l’enterrement film en contre-plongée depuis la fosse), c’est par la vision du monde issue du roman de Marcel Aymé que La Table aux Crevés tient encore aujourd’hui ; l’idée générale est que, observée de près, une société révèle toujours ses tares, inhérentes à la nature humaine. Et c’est un festival, qui épargne peu de personnages. Comme le dit Urbain, interprété sans grande finesse par Fernandel,à propos de l’hôtel, « ça sent le moisi ». Entre ridicule (le discours du maire) et méchanceté (les commères, les beaux-parents), la galerie de portraits dessine en sombre un monde étriqué qui parle d’argent, qui médit à outrance, un monde misogyne où tous se détestent et s’entre-déchirent. Les deux villages s’y opposent, mais les gens de la ville les méprisent (« ils sentent l’écurie »), et vice-versa. La faconde provençale ne masque pas la cruauté des dialogues ni la bassesse généralisée ; certes c’est avec humour que les scénaristes (Verneuil lui-même et André Tabet) emballent l’intrigue, mais un humour sarcastique dont certaines répliques font mouche : entre l’ami d’Andrex qui semble regretter le temps où l’on pouvait violer les femmes et l’adage du père (« Marie-toi dans ta ville, dans ta rue, et si tu peux dans ta maison »), cette micro-société apparaît comme prisonnière de conventions et d’habitudes, une société dans laquelle la pureté, incarnée par Jeanne, se heurte à la violence latente et aux conflits ridicules.
La tension omniprésente culmine dans des séquences de violence brutale, mais c’est surtout dans la menace permanente que la deuxième partie du film intéresse. Au passage, Marcel Aymé continue de régler ses comptes avec l’attitude des Français pendant la guerre, annonçant la verve qu’il déploiera dans Uranus. Rien ne s’oublie chez ces gens confits dans la rancœur et malgré une fin optimiste et la musique guillerette, l’impression dominante laisse un goût amer, celle d’un moraliste qui juge sans aménité ses contemporains.
Les suppléments :
Comme pour les autres titres de la collection, la discussion entre Éric Libiot et Guillemette Odicino, sur un ton badin,tient lieu d’analyse du film. Divers aspects sont évoqués, de l’interprétation (Fernandel et Andrex) à la vision noire de Marcel Aymé.
L’image :
Malgré la restauration, des petits défauts subsistent : légers parasites, fluctuation de la luminosité, passages un peu charbonneux. Rien de rédhibitoire pour un film de 1952.
Le son :
La seule piste Dolby Digital 2.0 Mono restitue le charme des dialogues avec clarté, même si le son reste étriqué. Rien d’inaudible, pas de parasites mais un souffle intermittent..
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.