La Sorcière Rouge . T1 . La route des sorcières - La chronique BD

La couverture de David Aja rayonne dans la librairie. Son style épuré aux couleurs simples et chatoyantes à la fois dessine une sorcière surplombant New-York de son aura. Et Wanda Maximoff, ex-fille de Magnéto, ex-femme de vision, ne manque pas de charisme. Aujourd’hui éloignée des vengeurs et responsable d’un quasi-génocide mutants, elle cherche plutôt à se faire oublier et repartir aux sources de ce qu’elle fut. Ce n’est certainement pas un hasard si elle croise sa mère dans ce vortex entre les mondes au moment d’affronter son Némésis Le Sorcier d’Émeraude, que l’on recroisera certainement.

Ce nouveau 100% Marvel pose donc les bases de nouvelles aventures, fatalement mystiques, pour la sorcière la plus aguerrie du monde moderne. A la fois sombre et mystérieux, on se confronte donc aux mythes antiques (le minotaure et son aspect revisité inattendu) tout en continuant à creuser un personnage un peu à part dans la maison des idées et dont le pouvoir, finement suggéré, dépasse l’imagination. Avec tout ce potentiel entre les mains, Wanda se referme sur elle-même, désormais consciente de ce qu’elle peut créer par un simple murmure (House of M...). Découlent ainsi des histoires intimistes aux traits plus ou moins heureux mais qui, en creux, peignent une femme forte, éteinte mais désireuse d’aider son prochain (superbe segment muet dans un couvent espagnol en conclusion) comme tout bon super-héros se doit de le faire... James Robinson, le scénariste de toutes ces petites tranches de vie n’oublient pas les fondamentaux pour rééquilibrer la magie à travers le monde.

Les dessins sont très divers et certains rendent mieux hommage à la plus grande des sorcières : Vanessa Del Rey, avec son style faussement instable fait vivre un monde aux éclats sombres mais surtout Marco Rudy qui propose lui aussi un dessin alternatif à la production classique Marvel, en peignant des fresques aux compositions parfois bluffantes, parfois maladroites. Ces deux premiers épisodes avec ces propositions de dessins un peu à contre-courant valent à eux seuls le détour. Dans cette volonté généreuse de redéfinir les contours de cette vieille sorcière, on reste néanmoins un peu sur notre faim, de folie certainement...