Les années de plomb
Le 8 décembre 2018
Les Italiens n’en finissent pas de revisiter leurs années de plomb. La preuve avec ce nouvel opus qui concilie analyse politique et souffle romanesque et policier.


- Réalisateur : Renato De Maria
- Acteurs : Giovanna Mezzogiorno, Riccardo Scamarcio, Fabrizio Rongione
- Genre : Drame, Politique
- Nationalité : Italien, Belge
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h40mn
- Box-office : 11.274 entrées France / 3.651 entrées P.P.
- Date de sortie : 14 avril 2010
Résumé : Venise, 3 janvier 1982. Sur le chemin qui le mène vers la prison de Rovigo, Sergio se remémore ses débuts dans la clandestinité, les débats fiévreux et engagés avec ses camarades, puis le passage à la lutte armée au sein de "Prima Linea", l’une des principales cellules terroristes d’extrême gauche. Il se rappelle surtout sa rencontre avec Susanna, la femme qu’il aime, avec qui il a partagé les mêmes idéaux et qu’il s’apprête à faire libérer dans ce qui fut l’une des plus audacieuses et des plus violentes évasions de ces "années de plomb ".
Critique : Après Buongiorno, notte ou Nos meilleures années, voici un nouvel opus, également réussi, des « années de plomb », qui montre que le 7e art italien a encore des réserves, loin de l’image sclérosée qu’en donnent certaines rencontres de cinéma. Le récit est au carrefour de plusieurs genres (policier, romanesque, politique), avec une construction en flash-back habile, évitant les pièges de la reconstitution rétro, sans atteindre toutefois la complexité narrative et allégorique de Cadavres exquis de Francesco Rosi, le sommet du genre. Renato De Maria est subtil dans l’analyse du passage d’un certain idéalisme révolutionnaire (l’agression d’un cadre dirigeant responsable de licenciements) à la violence pure (l’assassinat d’un juge intègre menaçant de démanteler l’organisation), avec les retournements d’opinions ouvrières vis-à-vis des terroristes. Par ailleurs, rarement le cinéma italien aura été aussi efficace dans le filmage d’une séquence policière (l’évasion finale, au style semi-documentaire). Quant aux personnages (réels) de Sergio et Susanna, le réalisateur parvient à leur donner des airs de Bonnie and Clyde transalpins, sans jamais céder aux sirènes de la glorification ou de la condamnation pure. Il faut souligner ici le jeu remarquable de Riccardo Scarmacio, déjà aperçu dans des productions relatant cette période, et Giovanna Mezzogiorno qui après sa prestation dans Vincere confirme son statut de grande actrice européenne.
Notes : Très librement inspiré de l’œuvre de Sergio Segio, le film a fait scandale avant même d’être tourné puisque de nombreuses associations ont eu peur que les auteurs se bornent à donner le point de vue des terroristes. Le réalisateur a pourtant tenu à garder une entière autonomie sur son film, préférant disposer d’un budget plus serré plutôt que de compromettre sa vision de l’affaire Moro. A noter la présence de l’acteur Riccardo Scamarcio, déjà présent dans plusieurs œuvres consacrées aux années de plomb.
- © Diaphana Films
Sébastien Schreurs 8 septembre 2012
La Prima linea - Renato De Maria
« Chronique des années de plomb »
Intéressant mais anecdotique, en comparaison de "Romanzo criminale" (avec le même Riccardo Scamarcio) qui est le film de référence de ces dernières années sur la période noire de l’histoire italienne.