La Pierre du Chaos . T1 . Le sang des Ruines – La chronique BD

Le récit s’axe sur ces deux jeunes héros, qui n’en sont peut-être pas vraiment, des héros d’ailleurs. Ne sachant pas vraiment se battre, Navel plutôt timide espère survivre à tout cela pour retrouver sa femme et Araes sûr de lui, a soif de s’imposer sur le champ de bataille pour continuer la lignée de bravoure de sa famille. Une amitié va commencer à les lier, amitié dépendant aussi de leurs classes sociales. Envoyés aux confins de l’Empire de Némès, grâce à des parents influents, dans une province tranquille, leur quotidien, moins calme que prévu, va se dérouler entre les patrouilles et la gestion des autres soldats, eux issus des classes pauvres.

Tout pourrait continuer comme cela pendant leurs années de service mais d’autres intrigues se mettent en place. Du côté des barbares Volcaniens, par exemple, où le chef sanglant Anrogh, reste indétrônable.
Au fur et à mesure, ce sont différents personnages que nous découvrons et suivons. Un événement intrigant va tout faire basculer et marquera à jamais le destin de nos deux héros.

Le récit nous emporte mais quand on prend un peu de recul, on se rend compte que Araes et Navel ont des objectifs définis, l’un rentrer chez lui retrouver sa femme, l’autre se distinguer sur le champ de bataille, que cette assignation dans la province d’Enoch ne leur permettra pas de réaliser. Et finalement, ils baissent la tête et acceptent leur destin sans révolte. A part Araes qui se rebelle facilement contre l’ordre établi.
Les autres personnages que nous voyons ne sont pas plus motivés que cela, soit nous ne saisissons pas leurs motivations profondes, soit elles ne nous sont pas expliquées.
Il reste le jeune Ridan, militaire du régiment de Navel et Araes, qui agit pour défendre sa vision du monde et jongle entre sa conscience et ses craintes. Sans doute le personnage le plus attachant, mais qui reste secondaire par sa présence.

Anrogh comme méchant ne fait pas spécialement froid dans le dos. Cruel, mutique, il a sans doute un objectif lui aussi mais nous l’ignorons. On finit juste par comprendre que tout ce petit monde va entre en collision et qu’il va y avoir du dégât. Mais cela était prévisible.
A part Ridan, c’est l’événement mystérieux qui fait office de déclencheur à la folie guerrière qui nous donne envie d’en savoir plus.

Gabriel Katz, Stéphane Créty, Leonardo Paciarotti /Drakoo

Au dessin, Stéphane Créty adopte un style réaliste, dont la dureté est désamorcée par les couleurs de Leonardo Paciarotti.
Les paysages verdoyants d’Enoch, l’arrivée de l’hiver glacé, les camps nocturnes à la belle étoile, autant d’ambiance variées qui apportent le voyage. Sans oublier la représentation de la magie, cruelle comme le monde, dont, dans ce premier tome, nous avons du mal à cerner l’ampleur. Mais certains indices distillés nous informent que dans la suite du récit, nous en saurons surement bien plus.

Le Récit se déroulera sur trois tomes. Donc cette histoire devait trouver son terme rapidement, ce qui incite d’autant plus à la découvrir. Vous ne risquez pas de vous embarquer dans un long flot d’aventures qui ne finissent jamais.
Les compositions de page et la mise en scènes sont aérées. Les cases se succèdent, se chevauchent, se mêlent habilement pour nous garder dans le récit, en nous laissant entrevoir ce monde étrange et cet empire qui n’est pas sans rappeler l’Empire Romain. Certains personnages, sous leur casques, sont parfois difficiles à reconnaître.
Et les combats violent et rapides ponctuent habilement l’histoire par petites touches, évitant ainsi l’overdose de sang. Par leur rareté, ils n’en sont que plus percutants. Ce qui est habilement joué pour une histoire se déroulant dans un monde en guerre permanente.

La Pierre du Chaos T1 Le sang des Ruines est le premier opus d’un triptyque qui oscille, selon nous, entre un récit mystérieux et un manque cruel d’objectifs des personnages secondaires ou de dynamisme des personnages principaux. Mais le tout reste servi par un graphisme soigné et des couleurs envoutantes.