Tournons la Paz
Le 14 septembre 2014
Les déambulations d’un jeune homme psychiquement perturbé servent de prétexte au cinéaste pour filmer une errance où le minimalisme revendiqué dissimule mal l’absence de propos.
- Réalisateur : Santiago Loza
- Acteurs : Andrea Strenitz, Fidelia Batallanos Michel
- Genre : Drame
- Nationalité : Argentin
- Durée : 1h13mn
- Date de sortie : 17 septembre 2014
- Plus d'informations : page Facebook du film
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Santiago Loza tombe dans les clichés du cinéma contemplatif et minimaliste pour un film qui se délite en saynètes sans grand intérêt . Sortie le 17 septembre 2014
L’argument : Liso, un jeune homme issu de la classe moyenne argentine, vient de sortir d’un hôpital psychiatrique. Forcé de se réinventer, seule la relation qu’il entretient avec Sonia, la domestique bolivienne de la maison, et le temps qu’il passe avec sa grand-mère semblent lui redonner espoir.
Notre avis : La Paz s’inscrit dans la veine du "Nouveau cinéma argentin" ("nuevo cine argentino"), un mouvement cinématographique initié par Pablo Trapero en 1999, lorsque son film Mundo Grua a reçu le Prix du Meilleur réalisateur lors de la première édition du Festival international de cinéma Indépendant de Bueno Aires (BAFICI). Santiago Loza est l’un des fers de lance de ce renouveau se voulant en totale rupture avec le cinéma d’alors, son premier long-métrage, Extrano, ayant lui-même reçu en 2003 le Prix du Meilleur Film Argentin au BAFICI.
Ce courant cinématographique, soutenu par la revue El Amante/Cine (fondée par Eduardo Antin), parfois considérée comme l’équivalent argentin des Cahiers du Cinéma (notamment par Nicolas Azalbert dans son excellent article "Histoires du cinéma argentin : de Historias breves (1995) à Historias extraordinarias (2008)"), revendique une liberté de ton, un réalisme, une proximité avec les lieux de tournage et le recours à des petits budgets ; le phénomène marquant une nette rupture avec la cinéma d’alors, "qui était un cinéma coupé des réalités, à l’esthétique publicitaire, réalisé avec des acteurs de la télévision et produit avec de gros budgets" (Nicolas Azalbert).
La Paz montre donc l’itinéraire d’un jeune homme, Liso (Lisandro Rodriguez) à peine sorti d’une institution psychiatrique, retrouvant ainsi une mère à l’affection étouffante (Andrea Strenitz) et un père (interprété Ricardo Felix, l’une des rares présences masculines du film hormis le protagoniste principal), symbole d’une virilité obsolète (il apprend à son fils à tirer au revolver, il lui donne de l’argent pour aller voir une prostituée). Son parcours, émaillé de rencontres plus ou moins fortuites avec des femmes aimées avant son hospitalisation, est également rythmé par les échanges avec sa grand-mère (Beatriz Bernabe) et les liens qui se tissent avec Sonia (Fidelia Batallanos Michel), la domestique d’origine bolivienne, les deux seuls personnages avec lesquels il trouve un peu de réconfort...
Le minimalisme narratif revendiqué par Santiago Loza tourne au procédé. Ainsi s’égrènent une suite de saynètes découpées en sections ("Le jardin", "La moto", "les Fleurs") qui tentent de donner une structure à un film qui ne mène nulle part si ce n’est à la Paz ("la paix" en espagnol), capitale de la Bolivie, concluant ainsi l’oeuvre sur une métaphore grossière (le personnage a donc trouvé la paix intérieure...).
Volontiers elliptique, le film utilise sans subtilité les figures du cinéma dit "contemplatif" : longs plans fixes, zooms sur des visages muets, silences censés refléter les états d’âme des personnages.. Le cinéaste tend vers l’épure mais provoque surtout l’ennui. La rareté des dialogues surligne la difficile communication entre les personnages. La révolte finale du personnage laisse elle-même un arrière-goût d’inachevé. La fin du film marque un certain apaisement psychologique alors qu’on était venu y puiser davantage de remous.
© Bobine Films
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