Simenon au Chili
Le 4 février 2004
Ramón-Díaz Eterovic donne ses lettres de noblesse au polar chilien avec Heredia, son détective fétiche.


- Auteur : Ramón Díaz-Eterovic
- Collection : Suite hispano-américaine
- Editeur : Métailié
- Genre : Polar, Roman & fiction
- Nationalité : Chilienne

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Traduit pour la deuxième fois aux Editions Métailié, Ramón-Díaz Eterovic donne ses lettres de noblesse au polar chilien avec Heredia, son détective fétiche.
Heredia, c’est l’archétype du détective privé : un peu loser, mais l’esprit vif et pugnace malgré les impressionnantes doses d’alcool qu’il ingurgite dès le petit déjeuner. Très solitaire mais témoignant une confiance totale à quelques personnages-clés, un voisin à la fois aveugle et visionnaire, un vendeur de journaux indiscret et dévoué et un flic crasseux mais efficace et sincère. C’est d’ailleurs avec ce flic, Dagoberto Solís, qu’Heredia partage ses rêves de justice et le peu qu’il lui reste d’illusions sur le monde tel qu’il va et tel que Ramón Díaz-Eterovic le dépeint dans ses polars.
Un monde, plutôt un pays, le Chili, dont l’auteur et le détective n’oublient pas le passé récent, les aspects les plus sordides de la dictature pinochétiste étant évoqués de façon très critique à plusieurs moments dans le roman. Et une ville, Santiago, où se mêlent les juges corrompus, les anciens militaires au blason redoré, les hommes d’affaires mouillés dans des commerces illicites, tous plus pourris les uns que les autres, et puis les petites gens, pas forcément moins pourris mais en tous cas moins confortablement installés dans la vie.
Et au milieu de ce petit monde, Heredia se retrouve simultanément impliqué malgré lui dans une enquête sur le trafic d’armes chimiques et dans une histoire d’amour, sous le regard désabusé de Simenon, son gros chat blanc que la faim n’empêche pas de citer Victor Hugo à propos.
La mort se lève tôt est une combinaison habile des éléments indispensables à un bon polar à suspense. C’est d’une facture assez classique, mais parfaitement efficace. Et le petit plus qui le ferait préférer à un autre du genre : l’exotisme du décor, ce Santiago si lointain, où l’horizon se brise sur la Cordillère. Quand elle n’est pas masquée par la pollution...
Ramón Díaz-Eterovic, La mort se lève tôt (Angeles y solitarios, traduit de l’espagnol par Bertille Hausberg), Métailié, coll. "Bibliothèque hispano-américaine", 2004, 281 pages, 18 €