La mort de Tau - la critique du court métrage

Notre avis  : Qui est Tau ? Un cachalot posé en plein désert, comme un vaisseau improbable échoué au milieu de nulle part. Au-dessus de sa carcasse moribonde tournoient des vautours métalliques, qui attendent de se repaître. C’est bientôt la fin. Une créature aux yeux tristes s’apprête à hydrater la masse imposante dont chaque respiration pourrait être la dernière. Mais voici que des coyotes, à l’appendice nasal effilé, surgissent d’un amas de roches avec lesquelles Tau se confondrait volontiers. Dès lors, on sait que la lutte sera féroce. Rien ne sera épargné, ni à la baleine agonisante, ni à son fidèle protecteur qui, acculé par de féroces ennemis, disparaît à la manière de Jonas dans le ventre psychanalytique du gros animal.

Lardux Films / Jérôme Boulbès/Arte France 2002. Tous droits réservés.
Ce bijou d’animation, présenté en 2001 au Festival du Court à Clermont-Ferrand, est un poème sans effet, un requiem sans orchestre, une courte évocation en images de la vie qui s’en va par le souffle de la créature, bientôt pétrifiée. Jérôme Boulbès filme avec une grâce exquise les derniers moments du monstre, jouant sur la nuance des bleus, étirant les rides de l’abdomen qui, peu à peu, s’estompent dans une obscurité définitive, tandis que les coyotes attendent patiemment. A la fin, le corps rejoint un monde minéral que le sable recouvrira. Chacun a la possibilité d’investir l’allégorie avec ses propres représentations de la mort. On peut aussi, sans pensée particulière, se satisfaire du rythme de cette œuvre hypnotique.