Soleil couchant
Le 21 octobre 2016
Ce film historique magistral aborde avec brio des thématiques politiques, médicales et scientifiques, au-delà du simple portrait du Roi-Soleil dans ses derniers instants.
- Réalisateur : Albert Serra
- Acteurs : Jean-Pierre Léaud, Patrick d’Assumçao, Marc Susini, Irène Silvagni, Bernard Belin
- Genre : Drame, Historique, Expérimental
- Nationalité : Espagnol, Français
- Distributeur : Les Bookmakers
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 2 novembre 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
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Résumé : Août 1715. À son retour de promenade, Louis XIV ressent une vive douleur à la jambe. Les jours suivants, le roi poursuit ses obligations mais ses nuits sont agitées, la fièvre le gagne. Il se nourrit peu et s’affaiblit de plus en plus. C’est le début de la lente agonie du plus grand roi de France, entouré de ses fidèles et de ses médecins.
Critique : Albert Serra est un homme de son temps, qui s’intéresse à l’Histoire et à la manière dont elle peut influencer notre vie courante. Aussi, en 2015, alors que la France célébrait le tricentenaire de la mort de Louis XIV, a-t-il réalisé ce film puissant qui s’attarde sur les deux dernières semaines d’un homme qui a régné plus de soixante-dix ans sur le pays. En s’appuyant sur Les Mémoires de Saint-Simon et Mémoires du marquis de Dangeau, deux courtisans tous les deux présents lors de l’agonie du roi, le réalisateur propose un huis clos afin de représenter les derniers instants d’un homme malade, dans son intimité et sa douleur. Il met en scène une dichotomie entre la mort d’un personnage public comme le roi de France et la longue agonie vue dans l’intimité du malade. Car loin de dramatiser, ou de s’intéresser uniquement à la fin d’un homme célèbre, le réalisateur s’attarde plutôt sur un corps, qu’il filme au plus près, afin de montrer comment la maladie prend toute la place.
- Copyright Capricci Films
En respectant une chronologie très stricte des évènements, allant du 9 août 1715, quand se déclare l’embolie de la jambe du Roi-Soleil, au 1er septembre 1715, jour de son décès, le long-métrage se déroule uniquement dans la chambre de Sa Majesté, dans laquelle se succèdent médecins, ecclésiastiques ou encore courtisans, avant que la gangrène ne commette des dommages irréversibles. Il ne s’agit pas pour autant d’un spectacle : l’agonie n’est pas larmoyante, ni dramatique. Au contraire, le film cherche à présenter des faits précis, des moments qui marquent la fin d’une vie, sans omettre des détails mais en proposant un film qui ne serait pas un documentaire, mais un drame avec une pointe d’humour et des instants assez cocasses.
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Comment rester insensible, quand on est un public du XIXe siècle, aux longues discussions entre médecins, qui prennent des décisions que nous pouvons juger abracadabrantes aujourd’hui ? Ce qui est jugé comme potentiellement efficace en 1715 sur un patient malade est une aberration pour un public converti aux soins et à la médecine générale. Aussi, pendant que le roi attend son traitement en toute confiance, le spectateur se glisse dans une conversation qui a vraiment eu lieu, il y a trois cents ans.
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Bien que le public connaisse l’issue des deux semaines d’agonie du Roi-Soleil, l’intérêt du film est incontestable, aussi bien d’un point du vue historique que médical. Mise en scène intime, cadrage impeccable, photographie minutieuse… Si la forme est de qualité, le fond est également intéressant, puisqu’il s’agit à la fois d’évoquer la maladie, la dépendance et la souffrance de la fin de vie, aussi bien pour le patient que son entourage.
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