Goncourt 1904

C’est par alliance que Léon Frapié entre à l’école. Marié à une institutrice, le quotidien de sa femme deviendra la matière de ses livres. A l’heure des derniers soupirs du naturalisme, il dénonce, étale la misère au grand jour, et fait du roman social son arme de révolte.

Une école populaire de Ménilmontant. Deux cents enfants pour trois classes, viennent boire à la source les préceptes de la république, qui encense la loi, l’honnêteté et le respect des parents. Chaque enfant porte en lui sa part de la tragédie sociale, dans ces visages en lames de couteau qui crient l’alcoolisme, ces mollets maigres et ces joues creusées, ce fatalisme devant l’inéluctable de la misère.

Primé en 1904, le roman ouvrait un œil lucide sur le dogme de l’école unique, juste et républicaine, et dénonçait l’aveuglement de certains maîtres, l’incohérence absolue entre le discours moral et la réalité de la vie. Réédité jusqu’en 1997, La maternelle a la fibre d’un classique, opposant un discours implacable et terriblement actuel, aux dérives théoriques sur l’avenir et le rôle de l’école.