Le 5 mai 2014
Quand la Hammer sort de sa tombe pour hanter le petit écran et donner des frissons à plusieurs générations de spectateurs
- Réalisateur : Peter Sasdy
- Acteurs : Brian Cox, Pierce Brosnan, Denholm Elliott, Peter Cushing, Jon Finch, Simon MacCorkindale, James Cosmo, Tom Clegg, Alan Gibson
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Elephant Films
- Durée : 700 min environ
- Titre original : Hammer House of Horror
- Date de sortie : 13 septembre 1980
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Sortie du coffret DVD le 6 mai 2014
L’argument : Sorcellerie, cannibalisme, exorcisme, maison hantée, loup-garou, démons...13 fables d’épouvante, qui revisitent avec modernité tous les mythes qui ont fait la gloire des studios Hammer sur grand écran. Toutes les facettes du fantastique réinventées dans ce projet fou qui a hanté les rêves de toute une génération. Laissez-vous surprendre par les plus terrifiantes et inventives histoires de la télévision.
Notre avis : Alors que tout le monde pensait la maison Hammer morte et enterrée après la sortie d’Une fille pour le Diable au milieu des années 70, la firme refit surface de façon inattendue par le média télévisuel. Cette série de treize épisodes, long d’environ cinquante-deux minutes chacun, fut diffusée sur la BBC puis régulièrement reprogrammée, tout comme en France où on a pu la voir d’abord sur FR3 puis sur La Cinq et M6. À première vue assez éloignée des classiques en costumes de la Hammer, avec une approche beaucoup plus moderne, cette anthologie n’en reprend pas moins un certain nombre de thèmes fantastiques classiques et l’attirail gothique n’est pas délaissé, bien que traité de manière beaucoup plus psychologique. Les manoirs hantés, présences démoniaques, hantises d’outre-tombe et autres forêts labyrinthiques reviennent dans plusieurs épisodes pour être sûr que l’on n’ait pas de doute quant à ce que l’on est en train de regarder. Mais malgré ces clichés liés au genre, La maison de tous les cauchemars demeure une collection passionnante, à plusieurs niveaux. Outre le fait qu’elle mêle des figures connues de la Hammer (les réalisateurs Peter Sasdy et Don Sharp, l’acteur Peter Cushing, etc.) à une nouvelle génération d’acteurs et de metteurs en scène, elle frappe avant tout par son parti pris : chaque épisode se termine de façon tragique, avec une chute souvent très angoissante. Rien que pour ces quelques secondes finales, l’excellence d’écriture de la plupart des épisodes et certaines performances proprement hantées (regardez juste Peter McEnery dans L’empreinte du Diable et vous serez bluffé par ce comédien trop méconnu), la série est un régal. Entre clins d’œil à des classiques des années 50, 60 et 70 (Les Diaboliques, L’Invasion des profanateurs de sépultures, Le village des damnés, Rosemary’s Baby, Le locataire, La malédiction, Amityville, etc.) et orientation surréaliste qui obéit à une logique proprement cauchemardesque (le génial Un étrange réveil, digne d’une rencontre entre Twin Peaks et les meilleurs épisodes de La Quatrième Dimension), toutes ces fables d’épouvante renouent avec le caractère pervers et subversif qui manque cruellement au cinéma d’horreur actuel.
Malgré donc quelques récurrences narratives (il y a un accident de voiture sur une route de campagne dans plus de la moitié des épisodes), on peut trouver ici une grande diversité dans les récits, allant de l’enquête et du thriller jusqu’à des histoires de sectes satanistes (Le gardien des abysses), de loups garous (Les enfants de la pleine lune), d’expériences scientifiques faites par un ancien nazi (Le cri), de statues vaudous (Charlie Boy), de repas cannibales (La treizième réunion), de sorcières vengeresses (Maléfices) ou de descentes dans la folie pure (Visiteur d’outre-tombe, L’empreinte du Diable). Au bout du compte la quasi intégralité de la série nous montre des protagonistes qui plongent peu à peu dans la démence quand confrontés à une réalité sur laquelle ils n’ont plus prise. Du coup, la psychologie des personnages est beaucoup plus travaillée ici que dans les films classiques de la Hammer. On se retrouve définitivement dans une approche néo-gothique telle qu’Irving Malin la définissait au début des années soixante dans New American Gothic. Ce ne sont plus tant les maisons qui sont hantées que les névroses des personnages qui se propagent sur l’espace environnant. L’horreur peut d’ailleurs naître du propre narcissisme des protagonistes (Souffrances) et les plans machiavéliques ont toujours des conséquences macabres (La maison sanglante, Charlie Boy, Visiteur d’outre-tombe).
Bien entendu, ces fables d’épouvante sont de qualités variées, certaines se rapprochent de chefs d’œuvre pour le petit écran (Le cri, avec les prodigieux Peter Cushing et Brian Cox ; L’empreinte du Diable et son obsession du chiffre 9 ; le terrifiant Les deux faces du démon ou l’obsessionnel Un étrange réveil), d’autres font preuve d’un humour noir très british et accumulent les twists inattendus (La treizième réunion), d’autres reprennent des légendes anciennes avec succès (Les enfants de la pleine lune), d’autres offrent quelques scènes gore bien efficaces (ah ce bain de sang sur les petits enfants de La maison sanglante !) mais d’autres aussi retiennent moins l’attention et se révèlent presque kitsch (Souffrances, L’aigle des Carpathes, Maléfices, Le gardien des abysses). Dans tous les cas, les fins sont toujours un régal, de véritables estocades. Il faut aussi noter le caractère particulièrement entêtant de la musique du générique et certaines approches musicales assez insolites, comme le mélange d’orchestral symphonique et de bruitages électroniques dans Visiteur d’outre-tombe. Les atmosphères sont plutôt réussies dans l’ensemble et la série se permet des moments particulièrement violents pour un programme audiovisuel. Cette victoire perpétuelle du Mal acquiert une valeur nihiliste franchement osée pour l’époque où cela a été tourné (le final de La maison sanglante est bien efficace dans le genre, et la plupart du temps, quand les enfants sont de la partie, les épisodes deviennent très troubles). Vous y retrouverez aussi un certain nombre de visages familiers, rendus célèbres par d’autres séries télévisées des années 80 (Simon "Manimal" MacCorkindale, Pierce "Remington Steele" Brosnan, etc.).
La maison de tous les cauchemars est donc une série à redécouvrir. Elle porte les marques de son époque, dans le bon comme dans le mauvais sens (les looks des acteurs, et des actrices surtout, ne trompent pas). Autant la télévision d’aujourd’hui peut aller plus loin dans la nudité et dans le gore, autant elle ne se permettrait plus d’aborder certains thèmes de cette façon (le viol bestial des Enfants de la pleine lune, le matricide insane de L’empreinte du Diable). Ce programme ravive donc l’épouvante à l’ancienne, où on privilégiait les ambiances malsaines et cauchemardesques plutôt que les cheap thrills. Les narrations en crescendo nous mènent toujours vers le fameux désastre final, et quand on arrive au bout du visionnage du coffret, on regrette presque qu’il n’y ait pas eu plus d’épisodes, bien qu’il était difficile d’imaginer un meilleur point final que L’empreinte du Diable.
Le DVD
Une coffret luxueux, comprenant l’intégrale en cinq DVDs.
Les suppléments
Les suppléments se limitent à un livret 8 pages fort utile mais dont on déconseillera la lecture avant le visionnage des épisodes car il peut révéler certains twists des scénarios. On trouve également des bandes annonces d’autres films de la collection Hammer, une galerie d’images fournie, ainsi qu’une présentation d’une vingtaine de minutes d’Alain Schlokoff. La durée totale des DVDs étant de 700 minutes environ, il serait presque indécent de demander plus de toutes manières.
Image
Il s’agit donc d’un format 4/3 vu que c’était une série pour le petit écran. Les couleurs sont superbes et éclatantes, avec un travail photo et des éclairages très soignés, et on se plaira à chercher tous les détails dans le cadre.
Son
On bénéficie ici à la fois des versions françaises et surtout des versions originales sous-titrées, en Dolby Digital Mono. On préférera ces dernières tant le caractère British de l’ensemble fait partie du charme de la collection. Vous vous surprendrez d’ailleurs à chanter le générique du film sous votre douche le matin, tant ce thème se révèle obsédant et addictif.
Galerie photos
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