Freud revu par la Hammer
Le 26 mai 2014
Une œuvre flamboyante et visuellement superbe de la Hammer, à mi-chemin entre explications psychanalytiques et fantastique démoniaque, menée par une interprétation toute en ambiguïté d’Eric Porter.
- Réalisateur : Peter Sasdy
- Acteurs : Eric Porter, Angharad Rees, Jane Merrow
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur
- Editeur vidéo : Elephant Films
- Durée : 85 min
- Titre original : Hands of the Ripper
- Date de sortie : 17 octobre 1971
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- Sortie : 20 mai 2014
Une œuvre flamboyante et visuellement superbe de la Hammer, à mi-chemin entre explications psychanalytiques et fantastique démoniaque, menée par une interprétation toute en ambiguïté d’Eric Porter.
L’argument : Le Docteur John Pritchard (Eric Porter) recueille Anna (Angharad Rees) témoin du terrible meurtre de la médium pour laquelle elle travaille. Rapidement, il se rend compte que la jeune fille développe des troubles du comportement, découlant d’un traumatisme qui fascine le psychiatre. Quinze ans auparavant, Anna a assisté à l’assassinat de sa mère par son propre père, le célèbre Jack l’éventreur. En proie à ses démons, la fille perpétuerait-elle l’héritage du tueur ? À moins que la vérité soit bien pire encore !
Le film : Toujours dans la série des éditions limitées Blu Ray + DVD d’Elephant Films, La fille de Jack l’éventreur est à l’évidence une des grandes réussites de cette période finale de la Hammer au début des années 70. Comme dans les autres films de la période, le gore y est plus explicite et les scénarios jouent volontiers la carte de l’ambiguïté sexuelle. Pourtant, cette œuvre se démarque par son sujet et son approche psychanalytique. Peter Sasdy, bien connu des amateurs de la Hammer (Une messe pour Dracula, Comtesse Dracula, trois épisodes de la série La maison de tous les cauchemars), offre ici une de ses mises en scène les plus riches et inspirées jusqu’à un final d’un romantisme flamboyant et tragique. Les décors sont, comme d’habitude avec la firme, absolument superbes, que l’on soit en intérieur (la maison impressionnante du docteur) ou en extérieur (la reconstitution du Whitechapel de la fin du XIXe siècle, avec ruelles sordides, filles de joies hystériques et ombres inquiétantes est gothique à souhait). Les costumes eux aussi sont juste sublimes, soulignant la beauté des acteurs, avec en tête Eric Porter, fascinant homme de théâtre shakespearien, incarnant ici un rôle tout en nuances et non dit. À la fois figure paternelle, amant aux tendances pédophiles, complice sanguinaire et scientifique fou passionné des écrits de Freud, il garde des motivations troubles tout au long du métrage. D’ailleurs, son intérêt pour la psychanalyse ne semble pas être plus efficace que les prédictions des voyantes. Le film hésite donc entre une interprétation réaliste (un traumatisme de l’enfance que le docteur cherche à percer à jour) et du fantastique pur (une histoire de possession démoniaque). Les meurtres y sont particulièrement violents pour l’époque et les maquillages, pour une fois, réussis. Cette agressivité est décuplée par le jeu d’Angharad Rees qui sait jouer de son regard pour suggérer l’innocence, l’absence ou la rage. En tentant de comprendre la schizophrénie et l’origine de la folie de la jeune fille, le docteur plonge à son tour dans une quête irraisonnée. Les miroirs brisés sont bien sûr à interpréter de façon symbolique et le film tire sa force de ce qu’il suggère plus que de ce qu’il montre.
La critique du film : http://www.avoir-alire.com/la-fille-de-jack-l-eventreur-la-critique
Les suppléments
Comme pour les autres films de la collection Hammer chez Elephant Films, le combo Blu-Ray/DVD est présenté dans un emballage cartonné élégant. Alain Schlockoff de L’écran fantastique remet le film dans le contexte dans un entretien en plan fixe d’un peu moins de vingt-cinq minutes. À cela s’ajoutent une galerie d’images et des bandes-annonces d’autres films tirés de la collection.
L’image
Là encore, un très beau travail sur l’image, pour la première fois en version restaurée, dans un format 16/9 haute définition qui retranscrit au mieux la richesse des ambiances visuelles, alternant des intérieurs richement fournis et des tournages en extérieur particulièrement impressionnants (notamment le final dans la cathédrale St Paul de Londres).
Le son
Il s’agit ici d’une des premières partitions de Christopher Gunning qui contribuent grandement à l’atmosphère trouble du film, disponible en version originale sous-titrée et en français. On conseillera la version originale car pour doubler les voix des actrices, nous avons droit à une sélection de timbres féminins criards et suraigus particulièrement pénibles, ne faisant pas hommage au travail des actrices, notamment Jane Merrow en aveugle et Angharad Rees en jeune fille innocente, possédée par une bestialité criminelle farouche quand on lui montre un peu trop d’affection.
Galerie Photos
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