Les Lumières de la ville
Le 7 janvier 2017
Après Whiplash, Damien Chazelle revient en cinémascope avec un mélodrame entêtant déchiré entre l’âge d’or d’Hollywood et son legs. Ballet virtuose mais souffrant parfois d’un penchant pour le remplissage.
- Réalisateur : Damien Chazelle
- Acteurs : Ryan Gosling, Emma Stone, Rosemarie DeWitt, J.K. Simmons, Finn Wittrock, Sonoya Mizuno, Callie Hernandez, Jean Legend
- Genre : Romance, Comédie musicale
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Editeur vidéo : M6 Vidéo
- Durée : 2h06mn
- Date télé : 24 mars 2024 21:00
- Chaîne : Arte
- Box-office : 2 721 629 entrées France / 934 026 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 25 janvier 2017
- Festival : Festival de Venise 2016
Résumé : Deux doux rêveurs - elle est une actrice débutante, il est un pianiste de jazz un peu prétentieux - tombent amoureux à Los Angeles...
Critique : Sans exclusivement s’en remettre à la petite virtuosité avec laquelle il avait mis en scène Whiplash, Damien Chazelle n’en poursuit pas moins ici son obsession pour le jazz et sa logique allégorique. Là où les rythmiques syncopées de la batterie servaient pour son premier film à illustrer les tressautements psychologiques du protagoniste, la polyrythmie et l’improvisation renvoient cette fois à l’émoi amoureux et à ses sentiments versatiles. Si les puristes du hard bop trouveront sans doute de nouveau à redire musicalement question précision et documentation, les cinéphiles de tous bords ne manqueront pas de noter l’admirable hommage rendu à l’âge d’or hollywoodien tout entier. D’un bout à l’autre, La La Land cherche certes à plaire. Ce qu’à aucun moment toutefois il ne tente de dissimuler sous quelque grandiloquence mal placée ou discours ampoulé. C’est là toute l’essence - simple et optimiste, de prime abord - des comédies musicales à la Stanley Donen, dont Chantons sous la pluie se retrouve ici ouvertement cité à plusieurs reprises. Reste que prendre La La Land pour une simple association de ce que furent les grands films musicaux hollywoodiens - de Minnelli à Donen en passant par Wise et Hawks - serait une erreur, bien que les ressorts y soient semblables. La composition d’ensemble, qui s’inspire largement du travail accompli par Francis Coppola sur le film Coup de cœur - Chazelle donne souvent à voir Los Angeles tel le Vegas fantasmé par le papa du Parrain -, surfe sur un avant-gardisme un brin tape-à-l’œil. Ce maniérisme et cette affectation demeurent néanmoins les instruments d’une dextérité évidente. Maîtrise technique, artistique - même si Chazelle ne semble pas effrayé par les fautes de goût, entre danse en apesanteur dans le cosmos et balade dans un Paris en carton-pâte -… La La Land multiplie les performances en tous genres - voir les fondus enchaînés à l’ancienne, hypnotiques.
- Copyright SND
L’introduction dans un embouteillage hivernal paradoxalement chaud - Californie oblige -, où les protagonistes stagnent chacun dans leur voiture en silence, sonne comme l’amorce de Huit et demi. Avant qu’une jeune femme ne sorte de son véhicule et n’arrache chacun à sa léthargie dans une chorégraphie très West Side Story. Ce plan-séquence initial expose toute le dispositif de La La Land, avec d’une part un quotidien harassant, de l’autre son envers métaphorique où toutes les catharsis s’avèrent possibles grâce au chant et à la danse. D’une représentation normalisée - bien qu’idéalisée - et éclairée de toute part, la mise en scène ne conserve plus qu’un seul personnage sous ses projecteurs. Façon alors de renvoyer aux désirs les plus enfouis du protagoniste. Ces allers-retours entre réel et fantasme, présent et passé, réalité chimérique et triste vérité, se révèlent un terrain de jeu sans borne pour Damien Chazelle. À tel point que le réalisateur finit en cours de route par s’embourber là même où il émerveillait peu auparavant - la faute surtout à une affèterie quelque part fétichiste à l’égard du cinéma américain qui finit par tourner en rond. Si le pianiste adorateur de Thelonious Monk interprété par Ryan Gosling et la serveuse se rêvant actrice portée par Emma Stone forment pour cette fois - oublier Gangster Squad et Crazy, Stupid, Love - un couple à la mesure de l’entreprise de Chazelle, leur interprétation manque d’originalité. Tant et si bien que leurs rôles semblent même parfois interchangeables lorsque l’on songe à quelques-uns de leurs précédents. Il n’empêche, la dichotomie entre Sebastian, le nostalgique d’une époque révolue mais qu’il perpétue jusqu’à la lie, et Mia la rêveuse à sa manière consciente de l’époque qui est la nôtre - plus frileuse lorsqu’il est question de jazz ou de poésie - fait tout le sel de La La Land. C’est même en creux la pierre angulaire du film, qui joue de la collision entre les grands classiques et leur héritage. Malgré quelques paraphrases dès la mi-parcours, La La Land vaut pourtant largement le détour. Ne serait-ce que pour ses installations fantaisistes, sa mise en scène et son optimisme spleenétique. Sans compter cette saisissante habileté à télescoper passé et avenir - voir les plans nocturnes à la Edward Hopper -, ou ce respect immanent pour les figures de proue - quid de la scène de l’Observatoire Griffith tirée de La Fureur de vivre. Une chose est certaine, au bout du compte, l’agréable mélodie centrale composée par Justin Hurwitz risque de vous trotter longtemps dans la tête.
– Sortie DVD & Blu-ray : 25 mai 2017
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opportune 26 janvier 2017
La La Land - Damien Chazelle - critique
Excitée de voir le film le jour de sa sortie et sachant l’engouement (excessif) qu’il suscite, je fus assez vite déçue par des longueurs et le manque de scènes dansées auxquelles j’aspirais, car à mon goût, il n’y en a pas assez pour 2 h8 de film...certes, j’y ai reconnu, avant même de les lire, les clins d’œil à Edward Hopper que j’aime beaucoup, West Side Story qui a bercé mon adolescence, mais je n’ai pas ressenti l’enchantement et le plaisir que je venais y chercher (et c’est une cinéphile et choriste de surcroît qui vous parle !)Je mets donc un "bémol" aux commentaires dithyrambiques que l’on peut lire ou entendre sur tous les médias. D’ailleurs, à la fin de la projection, l’esquisse d’applaudissements d’un spectateur n’a suscité manifestement aucun enthousiasme du public présent comme si, à mon image, nous restions "sur notre faim". Pour ma part, il m’a manqué "un supplément d’âme", bien esquissé mais pas assez développé... J’ai vu et toujours apprécié Ryan Gosling dans tous ses rôles précédents et je le préfère taiseux et sombre même si je reconnais que sa prestation sonnait juste, surtout dans sa performance de pianiste d’autant qu’il n’est pas doublé !quant à Emma Stone, aussi radieuse qu’expressive, bravo à eux puisqu’ils ont récolté un golden globe mais l’oscar sera peut être décerné à un acteur au rôle plus exigeant encore...
quant à moi je vote pour Isabelle Huppert dont je suis fan et Casey Affleck que j’aimerai consoler dans chacun de ses rôles !
DRAREG 2 février 2017
La La Land - Damien Chazelle - critique
Comme opportune mon avis n’est pas différent et pourtant la première scène sur cette autoroute m’avait fait rever et j’attendais une suite un peu plus brillante mais comme un soufflet le tout est retombé...Je ne parlerais pas des scènes de danse où il manque l’étincelle qui mettais le feu aux scènes des comédies musicales hollywoodiennes.Pour conclure ce film est loin de valoir les 5 étoiles de Première et autres magazines qui sont aller chercher des arguments,psychologiques quelque fois,qui sont loin de la réalité de ce film.
DRAREG 2 février 2017
La La Land - Damien Chazelle - critique
Comme opportune mon avis n’est pas différent et pourtant la première scène sur cette autoroute m’avait fait rever et j’attendais une suite un peu plus brillante mais comme un soufflet le tout est retombé...Je ne parlerais pas des scènes de danse où il manque l’étincelle qui mettais le feu aux scènes des comédies musicales hollywoodiennes.Pour conclure ce film est loin de valoir les cinq étoilles
Sarah Parsisson 15 février 2017
La La Land - Damien Chazelle - critique
Après avoir vu le film, je suis assez mitigée. En allant voir Lalaland, je m’attendais à ce qu’il y ait moins scènes de chant/danse que dans les comédies musicales classiques parce que je pensais que Chazelle voulait une comédie musicale modernisée. J’ai d’ailleurs été déçue de ce côté-là par l’histoire d’amour qui manque d’originalité - bien qu’elle soit touchante - et par les trop nombreuses similarités avec d’autres comédies musicales.
En revanche, j’ai trouvé que plus le film avançait plus il s’améliorait et m’emportait en me donnant envie de chanter ! Le morceau du piano qui lie toute l’histoire m’a beaucoup touché. Les personnages ont de plus en plus de caractère (alors qu’au début, ils sont beaucoup trop communs et prévisibles...) ce qui permet de s’attacher à eux et à leur histoire. Je me suis alors laissée transporter par la scène finale où j’ai beaucoup apprécié les décors, notamment ceux de Paris.
Je conclurai donc par dire que Lalaland est un film qui donne la joie de vivre et qui fait plaisir bien qu’il ne soit pas exceptionnel.