Autobiographie d’un cinéaste
Le 3 décembre 2013
Notre représentant à la Mostra de Venise 2013 était-il le bon ?
- Réalisateur : Philippe Garrel
- Acteurs : Louis Garrel, Anna Mouglalis, Esther Garrel, Robert Bazil
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h17mn
- Date de sortie : 4 décembre 2013
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Unique représentant du cinéma hexagonal au Festival de Venise…. La dernière réalisation de Philippe Garrel est-elle un bel émissaire du cinéma d’auteur français ou se résume-t-elle à une accumulation de clichés intello-réflexifs inhérents à un certain cinéma cérébral français ?
L’argument : Louis quitte Mathilde et leur petite fille pour se mettre en couple avec Claudia. Louis et Claudia sont tous deux acteurs mais alors que le jeune homme enchaine les rôles, la jeune fille reste cloitrée dans leur minuscule appartement parisien en entretenant un profond sentiment de peur quant au départ de son nouvel amant. Mais lorsque Claudia fait la rencontre d’un architecte lui offrant un travail bien éloigné du monde théâtral, c’est Louis qui développe la crainte du départ de sa bien-aimée.
Notre avis : La jalousie fut donc le seul film français projeté à la Mostra de cette année. On connait bien les habitudes cinématographiques de Philippe Garrel qui orchestre sa filmographie autour de l’intime et l’autobiographique, la preuve la plus flagrante étant "l’utilisation" fréquente de son fils Louis face caméra. Ce qui fut précédemment reproché à Garrel, c’est le côté "forçage du trait auteurisant", contrecoup régulier d’une prétention exagérée et un côté quelque peu vaniteux de son austérité. Ce qu’il faut néanmoins reconnaître à l’apôtre de la nouvelle vague, c’est son traitement habituel de la passion sans aucune concession. Aussi, force est de constater que La Jalousie met davantage en valeur les faiblesses du cinéaste plutôt que ses qualités indéniables d’auteur à part entière dans le paysage du cinéma français.
© Integral Film
Ce qui frappe tout d’abord, c’est cet affichage trop tangible d’une ambition de faire quelque chose de son cadre, ambition qui passe par le noir et blanc ainsi que par l’utilisation d’un "scope" censé "attraper des choses qui sont à l’extrémité". Mais durant l’heure et quelque de projection, on se demande pourquoi s’acherne-t-il à filmer à l’épaule des plans tous plus statiques les uns que les autres. Comme si les intentions de découpage venaient contredire l’intertextualité même du film. La preuve en est par la division de ce dernier en deux segments désignés par des cartons, ceux-ci tenant plus de la référence appuyée à la nouvelle vague qu’à une quelconque subtilité narrative. Il faut en outre bien avouer que le principe d’écriture en (nombreux) collectif, le collage, est bien trop transparent pour que l’on éprouve la moindre empathie envers des personnages pourtant destinés à nous émouvoir. Cette présence de tant de co-scénaristes est même tellement perceptible, que la caractérisation des personnages en devient parfois décousue, voire confuse. On sent parfois une ambition de mise en place didactique du spectateur, mais qui ne passe que par le point de vue trop rare de l’enfant et qui n’accouche finalement qu’à une exposition des turpitudes de peines de cœurs "d’adultes", tout compte fait peu attachants. Développant l’idée que l’infidélité des êtres filmés ne dépend pas tant des choix moraux que de la fatalité de la condition humaine, Philippe Garrel perd pour le coup le refus de la commisération qui guidait ses Amants réguliers.
© Integral Film
Dans ces conditions, le côté nombriliste du film achève finalement notre adhésion à cette réalisation qui ne sait pas intégralement justifier des choix de mise en scène appuyés. Et parce qu’il semble développer des ambitions diégétiques allant à l’encontre de sa mise en image, Philippe Garrel perd son spectateur au-delà d’une première scène, pourtant très belle, qui joue du hors champs sur une fillette percevant la dispute de ses parents. Quelques minutes réellement émouvantes... mais jamais, malheureusement, le film ne retrouvera cet état de grâce qui aurait dû représenter sa ligne directrice.
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