Le 3 juin 2018
Comme le tout est brillant et drôle, porté par des comédiens en apesanteur, il est urgent de voir et revoir La huitième femme de Barbe-Bleue, ne serait-ce que pour se sentir plus aérien.
- Réalisateur : Ernst Lubitsch
- Acteurs : Gary Cooper, Edward Everett Horton, David Niven, Franklin Pangborn
- Genre : Comédie, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Bac Films, Splendor Films
- Editeur vidéo : Elephant Films
- Durée : 1h25mn
- Titre original : Bluebeard's Eighth Wife
- Date de sortie : 25 avril 1938
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Nice. Dans un magasin de vêtements où "on parle anglais, on comprend l’américain", Michael Brandon, milliardaire américain, veut n’acheter que la veste d’un pyjama. Une aristocrate ruinée, Nicole de Loiselle, offre d’acheter le pantalon. Scandale, le vendeur refuse de céder le lot séparé en deux. L’affaire "monte" jusqu’au PDG de l’entreprise... et tout se solde par un mariage. L’épouse découvre que ce Barbe-Bleue des temps modernes en est a sa huitième femme. La lune de miel, romantique à souhait (Prague-Venise-Paris), promet d’être mouvementée.
le film : Tout dans cette comédie est fin, enlevé, savoureux : entre dialogues irrésistibles et situations cocasses, le film comporte nombre de séquences inoubliables et même après plusieurs années, on se souvient de la veste de pyjama, de la baignoire ou du banquier qui se prend pour un poulet. C’est que les incongruités de l’intrigue sont merveilleusement inventives et marquent, comme marquent les portes ou vitres qui ne cessent de dissimuler ce qui se passe ou ce que l’on dit.
Et pourtant, malgré cette légèreté réelle, La huitième femme de Barbe-Bleue ne parle que de sexe, de désir et de frustration, avec un rien de cruauté : Gary Cooper pense maîtriser sa vie et celle des autres, jusqu’à provoquer un demi-scandale dans un grand magasin ; l’affaire du pyjama, qui dure environ dix minutes, semble à la limite de l’anecdote utile seulement à la rencontre, mais élabore une série de thèmes qui vont se décliner en de multiples variations : la maîtrise de soi, le sentiment de puissance, la complémentarité. De plus, en ne voulant acheter que la veste, le personnage indique assez que l’essentiel se passera en-dessous de la ceinture, c’est à dire ce que Nicole consent à acheter. Mais on trouvera aussi dans le film des remèdes inutiles (épeler un mot long à l’envers pour s’endormir, utiliser La Mégère apprivoisée de Shakespeare pour conquérir sa femme), le moyen d’entrer dans un hôpital psychiatrique et, peut-être, le secret d’un mariage réussi. Comme le tout est brillant et drôle, porté par des comédiens en apesanteur, il est urgent de voir et revoir La huitième femme de Barbe-Bleue, ne serait-ce que pour se sentir plus aérien.
Les suppléments :
Frédéric Mercier, comme pour les autres galettes de la série, commente le film avec sa finesse et son savoir habituels : œuvre violente, fondée sur la temporisation et le sado-masochisme, jalon dans l’histoire de la comédie, réflexion animale sur la domestication, beaucoup de points importants sont traités dans cette lecture (27mn). À quoi s’ajoutent une galerie photos et les bandes-annonces des cinq films de Lubitsch de la collection.
L’image :
La copie est lumineuse, agréablement contrastée et stable, mais des micro-parasites récurrents gâchent (à peine) le plaisir.
Le son :
La musique a conservé de légères acidités, mais, et c’est l’essentiel, les dialogues sont limpides et aérés, ce qui permet d’en goûter toute la saveur. Il y a bien une VF, mais son ancienneté la condamne à l’artificiel et au suranné.
– Sortie du combo DVD + Blu-ray (éditions Elephant Films) : 5 juin 2018
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.