Le 13 juin 2007
Les entrées chutent et les cartes illimitées changent. Mais peut-on établir un lien durable entre la fréquentation des salles et les habitudes des abonnés ?
Les entrées chutent et les cartes illimitées changent. Mais peut-on établir un lien durable entre la fréquentation des salles et les habitudes des abonnés ?
Du changement du côté des cartes illimitées. Tout d’abord MK2 se désolidarise de Gaumont/Pathé et se retire du Pass en raison de l’affaire Beaugrenelle (Après 20 ans d’exploitation, Marin Karmitz est obligé d’y céder son espace à EuroPalaces pour que Pathé puisse y ouvrir un multiplexe). Ensuite, UGC, en attente de l’agrément du CNC, devrait proposer en septembre la carte Illimitée 2 permettant à son détenteur de venir accompagné de la personne de son choix. Voilà qui ne va pas aider à lutter contre l’opacité industrielle de ces cartes. Difficile de savoir effectivement combien d’abonnés comptent UGC et MK2/Gaumont et certains distributeurs et producteurs peuvent s’en sentir finalement lésés. En tout cas, le retrait de MK2 pourrait avoir des répercussions sur les entrées du circuit et notamment sur les entrées du multiplexe à Bibliothèque si Marin Karmitz ne propose pas au plus vite sa propre carte illimitée. En pleine politique d’expansion, notamment à l’est de la capitale, MK2 va devoir se remettre en question pour conserver et fidéliser un public qui ne lui a jamais fait défaut ces dix dernières années. La séparation pourrait également avoir des répercussions sur un certain nombre de petits films d’auteur exploités en quasi exclusivité à Beaubourg ou au Quai de Seine. Certaines œuvres dépendant effectivement du rôle tonique des passes illimités pourraient devenir invisibles aux yeux d’un public qui a perdu l’habitude de débourser de l’argent pour prendre des risques avec des métrages méconnus et moins commerciaux.
Peut-on aujourd’hui minimiser l’attrait et l’impact des cartes dans les habitudes cinématographiques des Parisiens ? Quand on les voit aujourd’hui se diriger plus volontairement vers la cinématographie nationale, et quand on remarque l’excellente santé du box-office de cette dernière décennie, on peut être tenté de dresser un rapport de cause à effet.
A l’heure du télé zapping, du téléchargement illégal, des copies de DVD et du home cinéma, la carte illimitée a sûrement favorisé à sa manière la venue des spectateurs dans les salles obscures, en particulier pour des œuvres qui, a priori, n’ont rien d’essentiel. L’impression de gratuité légitime la présence de beaucoup de spectateurs qui désormais vont en salles comme ils allumeraient leur téléviseur. Une tendance très urbaine mais nécessaire, surtout quand on voit les chiffres alarmants de nos voisins, en particulier des Allemands, où les entrées sont en berne et où la crise menace ! La nécessité de l’illimité, pourtant très controversé lors de sa mise en place à la fin des années 90, doit engager une réflexion fondamentale sur les habitudes des consommateurs à l’heure où les exploitants français accusent une chute des entrées consécutive sur trois mois. La programmation lamentable y est pour beaucoup et l’été risque de ne pas arranger les choses. Alors imaginons la morosité généralisée si en plus les cartes n’avaient été qu’un songe de cinéma.
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