La garce - King Vidor - critique

Critique : Après ce préambule énigmatique, on découvre, lors d’un flash-back, le docteur Louis Moline (Joseph Cotten) qui s’est octroyé une partie de pêche. Il passe sa journée en compagnie du vieux gardien (Minor Watson) sur le lac de la grande propriété de Neil Latimer (David Brian), homme d’affaires de Chicago souvent absent. Rosa (Bette Davis), l’épouse du médecin, présente elle aussi, semble s’ennuyer au plus haut point. En fin de journée, le médecin va être appelé en ville au chevet d’une femme enceinte, pendant que dans la maison de gardien, Rosa va saouler sans trop de difficultés Moose, qui a toujours eu un souci avec la bouteille. Une fois le vieil homme endormi, elle va rejoindre la belle propriété et s’y installer en habituée. Bientôt, Neil Latimer va arriver bord d’un petit avion privé.

Le récit va suivre le parcours de Rosa, qui rêvait d’un grand destin, et s’ennuie avec son médecin de mari, qui certes est populaire, mais peine à gagner sa vie en soignant tout le monde sans toujours être payé. C’est ainsi qu’elle a entamé une liaison avec le riche Neil Latimer. Seulement, celui-ci, ni vraiment intéressant ni très intéressé ne voit que par ses affaires. Se sentant délaissée par ce dernier, Rosa va prendre tous les risques pour rejoindre par surprise son amant à Chicago. C’est le début d’un engrenage mortifère.

Le scénario, extrêmement riche et précis, signé, Lenore J. Coffee, dresse le terrible portrait d’une ambitieuse, qui est prête à tout pour s’extraire de sa condition sociale.

King Vidor, moins baroque qu’à l’habitude, dépeint un personnage hautement antipathique, mais aussi très malheureux, dans une histoire très noire dont ni elle ni personne ne sortiront indemnes. Bette Davis est exceptionnelle dans le rôle de cette Madame Bovary américaine du XXe siècle. Sa façon de recoiffer sa longue chevelure brune, ou sa manière d’essayer un manteau de fourrure qu’elle convoite, sont particulièrement frappantes.