Le début de la fin
Le 25 novembre 2011
Représentation maladroite de la violence dans les rapports familiaux, La fin du silence reste un coup dans l’eau.


- Réalisateur : Roland Edzard
- Acteurs : Thierry Frémont, Maia Morgenstern, Franck Falise
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Autrichien
- Durée : 1h20mn
- Titre original : La fin du silence
- Date de sortie : 7 décembre 2011
- Plus d'informations : Site officiel

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Représentation maladroite de la violence dans les rapports familiaux, La fin du silence est un coup dans l’eau pour son réalisateur.
L’argument : Une dispute éclate dans une maison isolée dans les Vosges. Jean, le fils cadet de la famille, est jeté dehors. Il rejoint des chasseurs pour une battue et apprend à tuer. La nuit suivante, la voiture de sa mère est incendiée. On l’accuse. Jean disparaît alors dans la forêt...
Notes : Premier long-métrage de Roland Edzard (La Plaine), La fin du silence fut présenté pour la première fois au public lors de la Quinzaine des Réalisateurs cannoise de 2011. Cette oeuvre expérimentale s’essaie à la sublimation psychologique à travers l’exposé brut de la réalité.
Au pied des montagnes vosgiennes, une maison nichée dans l’obscurité se devine à contre-jour. Le chatoiement suave des couleurs, choisies pour rendre compte de ce paysage inaltéré, laisse entrevoir la formation de peintre du réalisateur. Le spectateur est plongé d’emblée dans une ambiance saumâtre, dont même les paysages somptueux ne peuvent adoucir l’âpreté. La projection visuelle de cette forêt menaçante où résonnent les cors de chasse relève expressément de l’exercice de style. La fin du silence se déroulant exclusivement dans ce décor austère, une importance toute particulière à été accordée à l’esthétique de cette nature glaciale.
Drame familial à l’opacité volontaire, le long-métrage s’effondre malgré cela, et ce dès les quinze premières minutes. La cause principale de cet échec réside principalement dans la faible teneur intellectuelle des personnages principaux. Une famille issue de milieu populaire qui n’évolue qu’au milieu de hurlements, un groupe de chasseurs obtus, une relation conjugale sexuellement stagnante ; si les sujets pertinents ne manquent pas, la façon dont ils sont abordés reste discutable. Ils sont en effet volontairement éludés au profit de scènes quotidiennes représentatives de ce foyer rural.
La myriade de rôles stéréotypés n’encense évidemment pas la performance des acteurs, qui se retrouvent démunis face à la caméra. La moindre tirade sonne alors faux, c’est le cas notamment de celles prononcées par Maia Morgenstern (La passion du Christ, Eve), qui patauge dans l’exagération. Le spectateur se voit alors contraint d’assister aux mésaventures de personnages pour lesquels il n’éprouve aucune d’empathie, mais une profonde indifférence. Nonobstant, l’acteur principal, Franck Falise, fascine par la force de ses traits et de ses rictus terribles. Une prestation remarquable pour le jeune comédien, étonnant de justesse dans le rôle de cet adolescent perturbé.
Se dissimulant derrière les rouages d’un voyeurisme primaire, La fin du silence tente désespérément d’exploiter un scénario presque inexistant. Abordant abruptement le thème des non-dits au sein d’un cocon familial, le long-métrage ne parvient jamais à captiver son auditoire. Une oeuvre dispensable, malgré une photographie pleine de caractère.