La fille du temple aux chats T.1 - La chronique BD

C’est a priori un manga paisible qui s’offre au lecteur avec cette série proposée par Makoto Ojiro. Si le calme est bel et bien présent, la méditation et nature qui semblent être à l’honneur dès la couverture laissent rapidement place à une cohabitation troublée et troublante entre un adolescent et une jeune femme, les chats n’étant qu’un décor apaisant pour les aventures du quotidien et les souvenirs du passé. Enfance, puberté et perspectives d’avenir se croisent et s’entremêlent dans cette petite histoire qui paraît hors du temps, loin des soucis d’aujourd’hui, loin des histoires d’amour lycéennes ou des liens intergénérationnels évoqués. Le temple, s’il sert de cadre, est effectivement pour beaucoup dans cette atmosphère agréable et coupée de l’écoulement des jours habituel, qui doit rythmer tout bonne année de lycéen. Non, il y a bien quelque chose d’anormal, de doux et délicat, qui se déploie petit à petit, emmenant le lecteur dans un cocon à la fois familial, complice et de plus en plus touchant.

© Soleil

Le dessin participe à cette aura nostalgique, qui n’est pas sans rappeler un Quartier Lointain pour son esthétique et son approche. Murs spartiates, plancher antique, chats apathiques forment un tout caractéristique, puisque l’essentiel de l’action se situe dans le temple, mais très vite les yeux du héros et les plans croisent les hanches de l’hôtesse, ses sourires éclatants et ses cheveux démêlés. L’innocence des personnages se ressent cependant dans le dessin, qui ne se veut ni burlesque ni érotique, simplement d’un indolent et serein réalisme.

© Soleil

Petite fresque bucolique et lyrique, La fille du temple aux chats est à la fois une histoire plaisante et reposante et aussi un décor désuet et douillet. Bref, un vrai antidote et une réelle évasion loin des problèmes, mais qui pose pourtant la question du trouble.