Ô solitude quand tu nous tiens
Le 6 février 2008
La Fabrique des sentiments est la froide caricature d’une société minée par la solitude. Jean-Marc Moutout fait preuve d’un bon coup de crayon mais la vraisemblance frise le fatalisme.


- Réalisateur : Jean-Marc Moutout
- Acteurs : Elsa Zylberstein , Bruno Putzulu, Jacques Bonnaffé
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 6 février 2008
- Plus d'informations : La Fabrique des sentiments

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– Durée : 1h44min
La Fabrique des sentiments est la froide caricature d’une société minée par la solitude. Jean-Marc Moutout fait preuve d’un bon coup de crayon mais la vraisemblance frise le fatalisme.
L’argument : Eloïse a 36 ans. Clerc de notaire, sa vie professionnelle est une réussite totale. On ne saurait en dire autant de sa vie amoureuse. Pour remédier à la situation, elle s’inscrit à des speed dating pour rencontrer l’âme sœur.
Notre avis :. Un speed dating et l’âme sœur se présente à Eloïse sous les traits de Bruno Putzulu, alias Jean-Luc. Vivront-ils heureux et auront-ils beaucoup d’enfants ? Jean-Marc Moutout relate l’histoire d’une jeune femme, bien sous tous rapports, dont la seule "tare" est son célibat. Cette solitude vécue comme une maladie qui s’empare peu à peu du corps, à l’image de la tumeur bénigne qui empoisonne l’organisme de la jeune femme. L’allégorie est parfaite. Certes, on en vient à bout. Mais le remède est parfois plus dévastateur que le mal. Les speed dating aseptisés auxquels participe la jeune femme sont l’ébauche de compromissions à venir. Moutout filme des célibataires alignés comme des moutons à l’abattoir ou des produits sur une chaîne qui serait celle de l’amour. Pire, de l’idée que l’on pourrait s’en faire.
Eloïse est une romantique qui cherche l’amour avec un grand "A" mais elle est forcée de revoir ses prétentions à la baisse. Le très cynique André, interprété avec une certaine délectation par Jacques Bonnaffé, pourrait par défaut faire l’affaire. De désinvolte, elle deviendra empressée puis conciliante. Elza Zylberstein est le fil rouge fluorescent de cette histoire, suscitant tour à tour au gré de ses pérégrinations amoureuses, la compassion et une certaine admiration parce que si son personnage se veut raisonnable, elle n’en renonce pas pour autant au bonheur. Quand bien même Eloïse cèderait à une certaine exigence sociale où le bonheur ne se conçoit qu’à deux et accompagné d’enfants. Moutout, lui aussi, la précipite dans ce shéma convenu mais lui laisse une échappatoire. Cette part de liberté qu’il s’est lui-même offert en projetant les pensées secrètes de son héroïne sur petit écran pour pimenter une mise en scène linéaire, rendue pesante par des dialogues sortis tout droit d’un livre de philosophie qu’on lirait sans comprendre. La vraisemblance recherchée finit quelquefois pas déserter l’écran. Cependant, il faut admetttre que La Fabrique des sentiments est, à sa manière, un film social parce qu’il traite d’un trait marquant de la société moderne. On appréciera ou non le parti-pris mais le débat est ouvert.