Le 28 août 2022
Parfois poétique, souvent touchant, ce premier roman se déroule pendant la Reconstruction américaine qui fait suite à la Guerre de Sécession, mettant en avant les esclaves nouvellement affranchis et leur lutte pour la liberté qui ne fait que commencer.
- Auteur : Nathan Harris
- Editeur : Philippe Rey
- Genre : Roman, Roman historique
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Isabelle Chapman
- Titre original : The Sweetness of Water
- Date de sortie : 25 août 2022
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Résumé : A Old Ox, en Géorgie, sonnent les dernières heures de la guerre de Sécession : l’émancipation des esclaves est proclamée. A quelques kilomètres de leur ancienne plantation, Prentiss et son frère Landry savourent amèrement leur liberté dans un monde qui ne leur offre aucun travail. Tandis qu’ils s’apprêtent à passer la nuit dans la forêt, ils sont découverts par le propriétaire du domaine, George Walker, hanté par la récente annonce de la mort de son fils Caleb. Quand George, perdu, accepte d’être guidé par les deux jeunes hommes vers sa maison, il voit en eux un moyen d’apaiser son chagrin et leur propose, contre rémunération, de l’aider, lui et sa femme Isabelle, à cultiver leurs terres.
Critique : Si l’esclavage peuple nombre de romans américains, la Reconstruction est moins souvent abordée. Période durant laquelle les soldats de l’Union occupèrent les États sécessionnistes dès 1865 pour imposer la loi fédérale et l’affranchissement des esclaves, tout juste proclamé par Lincoln, elle cristallise toutes les tensions et dissensions du pays, humiliation encore brûlante aujourd’hui dans le Sud des États-Unis. Les hommes et les femmes qui ont toujours vécu sur des plantations, malmenés et parfois même torturés par leurs maîtres, errent désormais sur les routes, sans travail, sans toit et sans ambition. Sans futur.
Nathan Harris fait de ce moment la toile de fond de son roman choral, toile de fond indissociable de l’histoire qu’il raconte. Avant d’être celle de personnages, c’est celle d’une région, d’une ville agitée par les égos des uns et des autres, par les mentalités dissonantes et l’envie que rien ne change à l’aube d’une nouvelle ère – promesse de bien courte durée avant que la ségrégation ne l’emporte. George et sa femme, Isabelle, habitent aux portes d’Old Ox, petite commune de Géorgie typique du Sud où le racisme et les jeux de pouvoir font loi, même une fois les vainqueurs de la guerre de Sécession implantés. George est un esprit étonnant, libre malgré sa poltronnerie. Humble et touchant, il ne tarde pas à se lier avec deux frères noirs, tout juste affranchis – premier acte de la tragédie qui va bientôt se jouer. Landry et Prentiss ont des caractères marqués, des personnalités ciselées, modelées par leur sourde résistance à l’esclavage dont on les a défaits. Ils aspirent à la liberté, à la simplicité d’une vie qui leur a toujours été refusée, même maintenant qu’ils sont leurs propres propriétés. Pourtant, leurs relations avec les époux sont mal vues par le voisinage raciste, peuplé de vétérans confédérés, soldats blancs en tunique grise, le corps estropié par le conflit et la fierté à terre après la défaite…
Les bois, contrepoids de ces rues poussiéreuses et miséreuses, permettent à tous de s’évader, tant métaphoriquement que littéralement. La lumière, la fraîcheur, les mystères qu’ils recèlent sont aussi ce qui font de La douceur de l’eau une œuvre parfois poétique, à la lisière du Southern Gothic, mais sans jamais franchir le pas – esprits et marais ne sont qu’effleurés, planant aux confins de certaines pages. Finalement, tout comme la douceur de l’onde prévaut sur la menace du fouet, l’espoir prévaut sur la noirceur dans ce premier roman prometteur et plein d’émotion.
Nathan Harris - La douceur de l’eau
Philippe Rey
14,7 cm × 22,0 cm
454 pages
24 euros
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