Le 15 novembre 2020
Un chassé-croisé entre deux cultures, pour rendre compte, sans tapage ni acrimonie, de la vie des populations issues de l’immigration, ni tout à fait bienvenues là-bas, ni réellement acceptées ici.
- Auteur : Faïza Guène
- Editeur : Plon
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 27 août 2020
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Résumé : « Ses enfants, eux, ils savent qui elle est, et ils exigent que le monde entier le sache aussi. » Yamina est née dans un cri. À Msirda, en Algérie colonisée. À peine adolescente, elle a brandi le drapeau de la Liberté. Quarante ans plus tard, à Aubervilliers, elle vit dans la discrétion. Pour cette mère, n’est-ce pas une autre façon de résister ? Mais la colère, même réprimée, se transmet l’air de rien.
Critique : Faïza Guène se fait connaître en 2004, alors qu’elle n’a que 19 ans, avec Kiffe Kiffe Demain, son premier roman vendu à plus de 400 000 exemplaires. Suivront cinq romans, dont le thème principal restera l’observation jamais geignarde et souvent drôle des péripéties des Français venus d’ailleurs. La discrétion, son cinquième et dernier ouvrage sorti cet automne, retrace avec pudeur le destin d’une famille franco-algérienne, tiraillée entre deux cultures.
Née à la fin des années 40 dans une Algérie pauvre et sous domination française, Yamina éprouve aujourd’hui le besoin de faire un point sur sa vie. Elle garde le souvenir d’une enfance laborieuse et frugale, néanmoins allègre. Elle aurait souhaité pouvoir aller à l’école plus longtemps, elle y avait de bons résultats. Ses frères ont pu le faire, qui sont devenus professeurs ou assureurs. Quant à elle, les travaux agricoles ou ménagers exigeaient sa présence à la maison. Elle a accepté son sort. Durant la guerre d’indépendance, sa famille a fui l’Algérie pour le Maroc. Elle n’a rien oublié de la douleur de ce premier exil. Un peu plus tard, elle épouse un homme qu’elle n’a pas choisi, mais qu’elle finira par apprendre à aimer. Il fait partie du lot de ces immigrés qui ont choisi de venir chercher du travail dans cette France des années 60 manquant de main-d’œuvre. D’abord installés dans un taudis insalubre, ils migrent vers une cité à Aubervilliers. Yamina troque la rudesse d’une misère vécue à l’ombre des dattiers contre un confort matériel qui, s’il réchauffe les corps, n’a pas la capacité de guérir les âmes meurtries.
Naîtront quatre enfants : trois filles devenues des jeunes femmes dont Yamina peine souvent à comprendre le comportement, même si elle nourrit pour elles toutes une profonde admiration et un garçon, ce petit dernier qu’elle continue à dorloter comme un bébé, bien qu’il ait maintenant trente ans et soit chauffeur Uber. Depuis toujours, Yamina a appris à ne pas se faire remarquer, à ignorer les marques de mépris plus ou moins affichées, à laisser glisser la pseudo gentillesse mâtinée de compassion dont elle a pu faire l’objet. Bien sûr, elle n’ a rien dit à ces enfants, ni de cette accumulation d’humiliations, ni de cette profonde déchirure causée par l’exil. Car pour eux qui sont nés en France, la situation est totalement différente, pense t-elle. Et pourtant...
D’un chapitre à l’autre, l’écriture simple et réaliste passe des premières années de dénuement et de liberté ensoleillée vécus par Yamina au parcours de ses enfants empêtrés dans les embûches d’une société grisâtre. Le récit se nourrit de ces détails du quotidien qui composent une vie, entre espoir et amertume. Maniant habilement délicatesse, colère mais aussi dérision, il restitue sans faillir les émotions et les doutes de ces personnages qui, malgré une force de caractère certaine, peinent à se forger une identité.
A travers cet hommage intimiste à ses parents, Faiza Guène touche droit au cœur non seulement ceux qui ont subi l’exil, mais aussi tous ceux qui souhaitent s’imprégner de l’essence même d’une France multiculturelle.
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