Pourquoi(pas) l’Argentine ?
Le 24 mars 2013
Quand le monde moderne sombre dans le cataclysme économique.


- Réalisateur : Fernando Solanas
- Genre : Documentaire, Politique
- Nationalité : Argentin
- Durée : 2h00mn
- Titre original : La dignidad de los nadies
- Date de sortie : 27 septembre 2006
Quand le monde moderne sombre dans le cataclysme économique.
L’argument : En 2001, l’Argentine buvait la tasse : son économie florissante s’écroulait, jetant le peuple dans la misère. De manifestations de piqueteros aux atermoiements de paysannes de la pampa, victimes de saisies, Solanas sonde une société de petites gens que les rouages de l’économie dépassent. Quand la dignité se dresse chez les plus démunis pour rappeler, par images interposées, leur humanité...
Notre avis : A un moment où la vague du cinéma argentin inonde les écrans - El aura, de Fabian Belinski, décrivait récemment un pays figé dans l’épilepsie, comme interdit, captif de forêts aux lumières vitreuses -, Fernando Solanas détourne ce miracle cinématographique pour capter la détresse d’un peuple lâché en pleine misère. La poésie cède au réalisme et à l’engagement politique. Déjà The take et Mémoire d’un saccage, du même réalisateur, tiraient la sonnette d’alarme. L’Argentine, célébrée comme une enclave européenne en Amérique, tient plus du tiers-monde dissimulé sous les affèteries du développement.
De la crise de 2001 à la reprise économique, Solanas revient sur le parcours d’une nation à bout de souffle, suivant une poignée d’hommes et de femmes décidés à garder la tête haute coûte que coûte. La caméra portée, de saccades en débit haché, nous fait pénétrer dans leur quotidien. Des chemins boueux, des logis souvent insalubres, le paysage de La dignité du peuple est des plus moroses. Sous un ciel délavé, prêt à déverser ses pleurs à tout moment, l’Argentine hoquette au rythme d’un libéralisme déraisonné. Désespérée, la population demande justice à des pouvoirs publics prompts à la tabasser à coups de trique. Sa planche de salut reste donc le système D. La solidarité se met en place naturellement jusque dans les confins de la campagne. Manger à sa faim avant tout. Une cantine se met en place, servant des repas à trois cent personnes avec deux oignons et de l’eau pour seuls produits de base. L’explosion des taux d’intérêt bancaire oblige la résistance des petits propriétaires, accrochés à leurs lopins de terre. Les saisies et les procédures légales de vente aux enchères seront empêchées par un groupe de paysans, au son entêtant du "Libertad, libertad" de l’hymne national.
Poignant d’un bout à l’autre, La dignité du peuple chahute l’âme du spectateur avec ce portrait en pieds d’Argentins courageux. Du réalisme social beau et fort. Mais le retour en grâce de l’économie argentine, à peine esquissé, semble ne rien devoir à cette résistance populaire. Comme quoi ce pays ne peut compter sur personne.
Norman06 24 avril 2009
La dignité du peuple - la critique
Documentaire digne et engagé sur la faillite du système social argentin. Certes, l’œuvre ne joue pas dans la nuance et se veut un plaidoyer militant en jouant la carte d’un Michael Moore, l’humour en moins. Mais certaines séquences (l’hymne national chanté lors de ventes aux enchères de biens saisis) sont de vrais moments de cinéma.