Et votre médaille, elle est de quelle couleur ?
Le 9 juillet 2016
La beauté du sport face à la haine de l’autre, ou quand l’extraordinaire destinée de l’athlète Jesse Owens se heurte bien malgré lui à la montée du nazisme dans l’Allemagne des années 30.
- Réalisateur : Stephen Hopkins
- Acteurs : William Hurt, Jeremy Irons, Carice van Houten, David Kross, Jason Sudeikis, Stephan James
- Genre : Drame, Biopic, Historique, Film de sport
- Nationalité : Canadien, Allemand
- Distributeur : LFR Films
- Durée : 1h58mn
- Date télé : 18 juillet 2024 21:05
- Chaîne : TFX
- Titre original : Race
- Date de sortie : 27 juillet 2016
- Plus d'informations : La page Facebook du film
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Résumé : Dans les années 30, Jesse Owens (Stephan James), jeune Afro-américain issu du milieu populaire, se prépare à concourir aux Jeux d’été de 1936 à Berlin. Cependant, alors qu’Owens lutte dans sa vie personnelle contre le racisme ambiant, les Etats-Unis ne sont pas encore certains de participer à ces Jeux, organisés en Allemagne nazie. Le débat est vif entre le président du Comité Olympique Jeremiah Mahoney (William Hurt) et le grand industriel Avery Brundage (Jeremy Irons). Pourtant, la détermination de Jesse à se lancer dans la compétition est intacte…
Critique : Le racisme est partout, existe dans tous les pays et touche tous les domaines, à l’instar de la politique et du sport. Grand nombre de films ont ainsi cherché à montrer que la vie des politiques et des sportifs est toujours étroitement liée, au point que des athlètes sont pris en otage en pleine préparation de leurs exploits pour servir les intérêts politiques des uns et des autres. C’est, du moins, la théorie développée dans ce nouveau long-métrage de Stephen Hopkins, dans lequel la froideur de l’administration, les ambitions américaines au cœur de la Grande Dépression se heurtent à la passion des sportifs, dont la soif de médailles n’a d’égale que la haine vécue par les Noirs, les Juifs…
- Copyright : 2016 La Belle Company
Si le film est trop long et souffre d’une mise en scène académique et chronologique, donc sans grande originalité, l’intérêt de La couleur de la violence repose dans la reconstitution du monde en 1936. Les États-Unis face à l’Allemagne, la Ségrégation bien ancrée dans le premier face à la montée du nazisme dans le second. C’est dans ce contexte que le sprinter Jesse Owens, sportif afro-américain, s’est qualifié pour les Jeux Olympiques d’été organisés à Berlin. Événement sportif encore controversé, où l’ambition d’Hitler s’est heurtée aux menaces de boycott de la société américaine.
- Copyright : 2016 La Belle Company
Le récit est maîtrisé et le savoir-faire du réalisateur évident, ce qui a permis au film d’éviter un scandale lors de sa sortie aux États-Unis début 2016. Car si le long-métrage s’était révélé maladroit et aurait souffert d’un scénario bancal, beaucoup en aurait profité pour hurler à l’offense, outrés qu’un artiste ose comparer la Ségrégation au nazisme. Ici, il s’agit plutôt d’une réflexion intelligente sur le racisme presqu’ordinaire et sur la manière dont la notion de race a encore une quelconque importance. Le récit ne manque pas d’ironie, au point que chaque spectateur pourra presque entendre le réalisateur lui dire que combattre le racisme chez soi est capital, au lieu de s’intéresser aux problèmes d’ailleurs. Balayer devant sa porte, en gros…
- Copyright : 2016 La Belle Company
Toutefois, loin d’être lourd, le film est fluide et ne manque pas d’humour, pour palier efficacement à la gravité des faits historiques. La première partie, qui se déroule aux États-Unis, rend notamment hommage à la black music, s’attarde sur la passion du sport, sur les rapports sociaux dans les années 30… La seconde partie, qui se passe en Allemagne, se compose de scènes particulièrement savoureuses. Comment ne pas apprécier ces moments où un jeune homme afro-américain d’origine modeste se dresse, par son seul talent, face à la folie nazie ? Alors que Jesse Owens a remporté médailles sur médailles en 1936, battant le sportif aryen adoubé par les hautes autorités du national-socialisme allemand, voir Adolf Hitler s’étouffer dans sa moustache et Josef Goebbels (étonnant Barnaby Metschurat) ne plus maîtriser ses tics face au résultat vaut le détour. Le racisme est partout ? Pas dans les jambes des sportifs en tout cas.
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S’il ne marquera pas l’histoire par sa pertinence, le film aura au moins le mérite d’offrir une reconstitution détaillée et d’évoquer l’Allemagne de l’entre-deux-guerres et l’enthousiasme américain des années 30, malgré les problèmes économiques et sociaux. La bande-son jazzy, la fraicheur des acteurs et le suspense de la compétition offrent à eux seuls un moment agréable, en plus de rappeler l’exploit de Jesse Owens, l’homme le plus rapide du monde lors de la compétition berlinoise. Place au sport, envers et contre tout.
- Copyright : 2016 La Belle Company
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