Le 5 janvier 2017
Une utopie soixante-huitarde façon danoise à laquelle on aurait aimé pouvoir croire.
- Réalisateur : Thomas Vinterberg
- Acteurs : Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen, Helene Reingaard Nenuman, Martha Sofie Wallstrom Hansen
- Genre : Drame
- Nationalité : Danois
- Durée : 1h51mn
- Date de sortie : 18 janvier 2017
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Résumé : Dans les années 70, au Danemark, Erik, professeur d’architecture et Anna, journaliste à la télévision, s’installent avec leur fille de 14 ans, Freja, dans une villa d’un quartier huppé de Copenhague où ils décident de tenter l’expérience de la communauté. Ils y invitent donc des amis mais aussi de nouvelles connaissances à partager là une vie en collectivité où toutes les règles, toutes les décisions sont prises de manière collégiale et soumises à un vote. Si leur communauté favorise l’amitié, l’amour et l’intimité du groupe, une liaison amoureuse entre Erik et l’une de ses étudiantes va venir perturber la vie de tous.
Notre avis : Co-fondateur du mouvement Dogme 95, Thomas Vinterberg doit sa renommée à Festen réalisé en 1998 et récompensé par de nombreux prix internationaux. En 2012, il se fait aussi remarquer grâce au film La chasse et son univers glacial. S’appuyant ici sur une expérience de jeunesse qu’il décrit comme une période fantastique, empreinte de folie, il signe avec La communautéun drame social.
- Copyright Ola Kjelbye
Ca commence comme une comédie légère. Erik vient d’hériter de la maison de son père, grande bâtisse dont il ne pense pas pouvoir assumer les frais seul. Sa femme, qui se veut tolérante et ouverte aux idées nouvelles, lui propose de la partager avec ceux que l’on nomme très prosaïquement aujourd’hui des co-locataires. Dans une ambiance aux couleurs surannées juste à point pour nous replonger dans ces années seventies, c’est bercé par le son des tubes rock de l’époque que l’on s’amuse à assister au casting qui réunit un bel échantillon de personnages hétéroclites. C’est ainsi que la maisonnée s’enrichit de Ole, l’ami fidèle du couple, de Mona, une fille aux mœurs légères, d’Allon, un immigré déprimé, et de Steffen et Ditte, un couple dont le fils, malade cardiaque, ne devrait pas dépasser les dix ans.
- Copyright Ola Kjelbye
Les bases ainsi posées, il ne nous reste plus qu’à regarder s’ébattre cette joyeuse bande dont le réalisateur se plait à scruter les egos. Il ne manque pas de soulever quelques questions intéressantes quant à la capacité (ou non) de l’être humain à vivre au sein d’un système grégaire. Si certains affirment que notre épanouissement personnel passe par la qualité de nos rapports avec autrui, d’autres certifient que l’individu, coincé dans un groupe n’éprouve plus que l’irrésistible besoin de s’échapper pour s’affirmer à nouveau en tant que soi. Tout n’est finalement que dosages subtils que la caméra, en perpétuel mouvement, filme non sans humour. Les sourires gênés, les rictus, les moues désapprobatrices, les mines réjouies nous renseignent au mieux sur l’état des agitations intérieures de chacun des membres.
- Copyright Henrik Petit
Au fil du récit, les fêlures apparaissent et avec elles, la réalisation s’alourdit. La chronique qui s’annonçait drôle devient d’une platitude déconcertante. Une discussion à n’en plus finir autour d’une facture de bière trop élevée aura raison du groupe et de l’intérêt du spectateur. Et ce n’est pas la proposition d’une baignade dans le plus simple appareil qui fera renaître la cohésion. Oubliées les idées progressistes. De la manière la plus classique qui soit, l’arrivée de la maîtresse (clone de sa femme en plus jeune et plus jolie) du chef de famille fait voler en éclats toute l’utopie du vivre-ensemble et basculer le récit dans un banal adultère bien bourgeois où chacun se révèle sous son vrai jour. Coupant alors définitivement le lien avec le groupe pourtant nœud névralgique de l’histoire, le réalisateur nous laisse seuls et désemparés devant la vacuité de ce duo prometteur. Si l’on ne peut que saluer la magistrale interprétation de Trine Dyrholm, c’est du côté de la jeune Martha Sofie Wallstrom Hansen (Freja, la fille du couple) que l’on trouvera la fraicheur et la vivacité qui fait tant défaut à ce film au traitement terne.
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