Le 21 février 2022
Un documentaire édifiant qui revient sur l’histoire contemporaine du Donbass, ce bassin houiller que se disputent Ukrainiens et séparatistes russes.
- Réalisateur : Igor Minaiev
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Ukrainien
- Distributeur : Zelig Films Distribution
- Durée : 1h02min
- Titre original : Какофонія Донбасу
- Date de sortie : 27 mars 2019
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Résumé : Réalisé à partir d’images d’archives inédites, de témoignages, et de films documentaires et de fiction de l’époque soviétique, LA CACOPHONIE DU DONBASS déconstruit la propagande de l’URSS au sujet de l’importante région minière du Donbass (Ukraine) pour expliquer la part de responsabilité de ce mensonge - long de près d’un siècle- dans le contexte explosif que connaît la région aujourd’hui.
Critique : Ce sobre documentaire d’à peine plus d’une heure se fonde sur deux parties repérables. La première revient d’abord sur l’histoire du bassin houiller à travers la figure de l’ouvrier zélé, vanté par la propagande stalinienne. Le plus célèbre d’entre eux, Alexeï Stakhanov, haveur de la région, devient le parangon du régime, célébré jusque dans l’art par les chantres du réalisme socialiste. Le Donbass incarne alors le symbole d’une région où la joie au travail se conjugue à la construction stéréotypée du prolétaire modèle, dont la femme, éduquée dès son plus jeune âge à devenir une épouse puis une mère, se tient en retrait, très proche des enfants qui batifolent. Il n’est pas de dictature qui ne trouve dans le natalisme les moyens d’asseoir un implacable désir de régénérescence.
- Copyright Trempel Films
Dziga Vertov, le célèbre réalisateur de L’Homme à la caméra, exaltera les vertus du travailleur laborieux, dans La symphonie du Donbass : les gestes robotiques du quotidien, accomplis par des ouvriers modèles, œuvrent non seulement pour la réussite du plan quinquennal, mais les extraits qui s’attardent sur les travailleurs donnent à ces efforts la dimension de chorégraphies impeccables. Sauf que la réalité que dissimulent ces images idylliques, c’est celle de la misère, de l’exploitation, de l’alcoolisme. En 1989, des milliers d’hommes et de femmes originaires de la région se mettront en grève, pour réclamer une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail. Ils seront entendus par Mikhaïl Gorbatchev.
- Copyright Trempel Films
La deuxième partie du film s’attarde sur la guerre du Donbass, effet de la crise ukrainienne qui oppose, depuis 2013, l’armée du pays et les séparatistes pro-russes. Les témoignages des exactions commises sur les populations civiles sont d’un terrible réalisme : une femme raconte calmement les horreurs qu’elle a subies, de la torture infligée par l’armée des rebelles russophones aux passants déchaînés qui s’en prennent à elle, alors qu’elle est attachée à un poteau. La voix off laisse parler les images. Il n’y a effectivement rien à rajouter. Au terme de ce documentaire, pourtant, la caméra et les mots prennent un peu plus de hauteur pour asséner que la haine est, hélas, un sentiment bien terrestre. Ne le savait-on pas déjà ?
Copyright Zelig Films Distribution/Trempel Films
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