La bête dans le cœur

Cristina Comencini adapte laborieusement son propre roman. Un beau sujet qui dissimule mal l’échec de cette entreprise.

L’argument : Sabina est une jeune femme séduisante, aimée de son compagnon Franco avec qui elle partage une vie paisible... Mais est-elle vraiment si heureuse ? Depuis quelques temps, d’étranges cauchemars viennent tourmenter ses nuits. Lorsqu’elle comprend qu’elle est enceinte, des souvenirs jusqu’alors refoulés surgissent : l’enfance, la famille et ses rites bourgeois à la fois sévères mais si rassurants. Cependant, tout ceci n’est qu’une façade derrière laquelle se cache "quelque chose" de beaucoup plus sombre et inquiétant...

Notre avis : Adapter à l’écran son propre roman est certainement l’une des pires tartes à la crème du cinéma (le summum sera sans doute atteint bientôt par l’inénarrable Michel Houellebecq). La bête dans le cœur ne fait malheureusement pas exception à cette règle implacable. En voulant mettre en scène elle-même son livre, Cristina Comencini (fille de papa Luigi) a commis un petit péché d’orgueil. Mais on s’improvise rarement cinéaste. Résultat : elle cherche à en faire trop au niveau de la réalisation et, paradoxalement, pas assez en ce qui concerne le scénario et la progression du récit qui patinent laborieusement. Et ce n’est pas la direction d’acteur qui arrange les choses, nous offrant, au contraire, des personnages ternes et froids.
Malgré tout, comme souvent, le sujet demeure. Il s’agit là, en l’occurrence, des blessures irréversibles et souterraines de l’inceste. C’est assez fort et passionnant pour justifier, à la limite (extrême), la vision de ce que l’on peut alors appeler un beau ratage.