Raconte moi le film
Le 9 mars 2011
Cette adaptation quelque peu réductrice et illustrative du roman de Manuel Puig connut en son temps un retentissement considérable et valut à William Hurt l’Oscar du meilleur interprète.
- Réalisateur : Hector Babenco
- Acteurs : William Hurt, Sonia Braga, José Lewgoy, Raul Julia
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Américain, Brésilien
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 2h00mn
- Reprise: 10 juillet 2002
- Titre original : O Beijo da mulher aranha / Kiss of the Spider Woman
- Date de sortie : 5 juin 1985
- Festival : Festival de Cannes 1985
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Résumé : Valentin, un journaliste révolutionnaire, a été torturé pour ses convictions politiques, et incarcéré dans une prison d’Amérique latine. Molina, un étalagiste homosexuel, y est condamné pour une affaire de mœurs. Tout sépare ces deux hommes qu’on enferme dans la même cellule. Pour oublier la solitude de leurs nuits, Molina fait partager à Valentin les rêves qu’il puise dans les vieux films peuplant sa mémoire. Alors que l’animosité des deux détenus se transforme en amitié, une toile de trahison se tisse autour d’eux, mettant à l’épreuve leur confiance mutuelle et leur esprit de sacrifice...
Critique : Le troisième roman de l’écrivain Manuel Puig fut publié en 1976 au Mexique où son auteur s’était exilé après l’interdiction en Argentine de son ouvrage précédent, The Buenos Aires Affair, et les menaces dont il avait été la cible dans son pays.
Utilisant à nouveau la technique du collage, comme dans La traición de Rita Hayworth (publié en 1968), El beso de la mujer araña juxtaposait deux univers : celui d’une prison dans un pays en proie à la dictature militaire et celui des films populaires des années 40 dans lesquels se projetait le personnage de Molina, l’homosexuel se rêvant héroïne sublime de mélodrame.
Ce sujet, qui permettait d’opposer la réalité sordide du monde carcéral à l’univers factice du cinéma d’évasion, appelait une adaptation cinématographique et ses deux protagonistes étaient à l’évidence des rôles en or pour les acteurs qui les interprèteraient : le révolutionnaire machiste qui accepte peu à peu sa part de féminité avant de s’abandonner à la mort dans les bras d’une Femme araignée fantasmatique, et son compagnon de cellule apprenant à dresser la tête pour affronter le réel.
C’est le cinéaste brésilien d’origine argentine Hector Babenco, auteur du violent et très cru Pixote, qui tourna au Brésil cette coproduction dans laquelle la superstar locale Sônia Braga incarnait par trois fois La Femme, réelle ou rêvée, au côté de Raúl Juliá (Valentin) et William Hurt, ce dernier obtenant en 1985 l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Molina.
L’investissement des deux acteurs est remarquable mais on peut trouver leur jeu trop nuancé, trop psychologique, appliqué à gommer les aspects excessifs, voire caricaturaux de leurs rôles (qui dans le roman ne sont peut-être que les deux faces d’un même homme).
Si la mise en scène sans réel point de vue de Babenco parvient à faire ressentir la violence du monde carcéral et à créer des moments d’émotion dans l’intimité de la cellule, les visions oniriques et le film dans le film sont bien laborieux et tombent à plat.
On ne peut s’empêcher de penser que cette absence de partis pris esthétiques affirmés nuit à la force d’un ensemble qui ne dépasse guère le stade de l’illustration finalement bien sage.
Le film, qui fut présenté au Festival de Cannes de 1985, connut en son temps un retentissant succès.
(En 1974, le célèbre cinéaste argentin Leopoldo Torre Nilson avait réalisé une adaptation du deuxième roman de Manuel Puig Boquitas pintadas qu’on serait curieux de connaître.)
Le DVD
Carlotta a sorti le 16 février 2011 une fort belle édition en deux DVDs de ce film culte des années 80. Disponible également en Blu-ray.
Les suppléments
Ils sont copieux, comme toujours chez Carlotta, mais d’un intérêt limité.
Outre la bande6annonce et la galerie photo, nous avons droit à une interview audio du romancier Manuel Puig (mort en 1990), illustrée de photos et d’images d’archives, ainsi qu’à un documentaire de près de deux heures, réalisé par le producteur David Weisman, qui narre la genèse mouvementée du film en interrogeant, vingt cinq ans après, ceux qui y ont participé.
L’interview de Puig, bien que trop brève (9 minutes), replace utilement le roman dans le contexte de la dictature militaire en Argentine.
Le documentaire regorge d’anecdotes et d’informations de tous ordres (on apprendra entre autre que Burt Lancaster devait au départ interpréter le rôle de Molina) ; mais sa facture télévisuelle le rend franchement indigeste : les fragments d’interviews (rarement plus d’une phrase à la fois) se chevauchent et le discours dépasse rarement la langue de bois promotionnelle.
Se détachent cependant de l’ensemble les témoignages d’époque de Manuel Puig qui déclarait ne pas aimer le film mais être sensible à l’accueil chaleureux que lui réservaient le public et la critique.
Image
Une image nette et sans bavure qui ne cherche pas trop à remettre au goût du jour la photo, peu contrastée, et les couleurs d’origine : lumière orangée, dominance des tons chauds.
Son
La version anglaise est proposée en dolby 5.1 comme alternative à la très correcte stéréo 2.0. Pour ce film de 1985 cela ne s’imposait peut-être pas.
La version française stéréo est digne de celle d’un téléfilm mais ne présente pas de défaut technique.
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