L’Odyssée d’Hakim . T.2 . De la Turquie à la Grèce - La chronique BD

L’Odyssée d’Hakim, avec ce deuxième tome, n’a jamais aussi bien porté son nom. En effet, il reprend le chemin emprunté par Ulysse avant lui, à savoir traverser la mer Égée depuis la Turquie avec l’espoir d’accoster sur la terre grecque. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce passage, point d’orgue de l’album, fait froid dans le dos. Merveilleux d’empathie et de réalisme, car il est une transcription d’un témoignage d’une personne et d’une vie réelle, ce récit nous emporte dans les affres de la vie de réfugié d’un garçon qui a dû quitter ses parents et ses frères, dont l’un est toujours porté disparu dans son pays natal. Désormais, il doit rester en arrière, sa femme et ses beaux-parents ayant eu la chance d’avoir des papiers pour la France. Sombrant dans la dépression et la misère, il ne doit son salut qu’à de la chance et à de bonnes rencontres au bon moment. Hakim, sur cette période, est avant tout un humain, souvent terrorisé, se relevant non pas grâce à un pouvoir ou une foi hors du commun, mais bien par des aléas et des personnes. Il est à ce titre un de ceux qui peuvent se vanter d’avoir réalisé une vraie odyssée, et cela Fabien Toulmé l’a bien compris.

Fabien Toulmé / Delcourt

L’auteur est aussi un dessinateur qui a su donner des traits basiques à ses personnages, les faisant devenir chacun des réfugiés, chacune des exilées qui sillonnent les routes dangereuses du monde dans l’espoir d’une vie meilleure. Son choix d’une dualité de couleurs, sable et bleu, ne lui permet pas de retranscrire des paysages précis ou enivrants, mais parfaitement le dénuement, l’attente et la peur d’échouer, dans tous les sens du terme. Fabuleusement tranquille, ce trait très roman graphique, pas loin d’un Delisle, sert avec diligence et humilité le récit de cette traversée éprouvante, permettant au héros de toujours être attachant et avant tout humain.

Fabien Toulmé / Delcourt

Le premier tome avait été touchant, le deuxième est clairement un ton au dessus avec une scène à glacer le sang car elle est vraie, et arrive chaque semaine, chaque jour sur des eaux qui nous sont tellement proches. Ode à la fraternité, L’Odyssée d’Hakim est un chant à entendre plus souvent.