Le 20 octobre 2021
- Réalisateur : Kim Ki-duk
- Acteurs : Kim Hyeon-seok, Suh Jung
- Titre original : 섬 [Seom]
- Distributeur : Mary-X Distribution
- Genre : Drame
- Nationalité : Sud-coréen
- Date de sortie : 25 avril 2001
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Durée : 1h30mn
- Titre original : 섬 [Seom]
- Festival : Festival de Venise 2000
- Reprise: 20 octobre 2021
Cinquième long-métrage de Kim Ki-duk, réalisateur emblématique de la Nouvelle vague coréenne décédé l’an dernier, L’Île est une histoire d’eau et d’amour à mort à l’atmosphère onirique et au symbolisme psychanalytique, destinée à des spectateurs au cœur bien accroché.
Résumé : Hee-jin s’occupe des petits îlots de pêche au sein d’un parc naturel. Elle loue les îlots, mais s’occupe également de l’hôtel, du transport et de toute la gestion matérielle des clients. Elle survit des loyers, de la nourriture qu’elle vend et de prostitution occasionnelle. N’étant pas intéressée par les autres, elle se fait passer pour muette. Cependant, l’arrivée de Hyun-shik, assassin de sa femme et désormais en cavale, l’intrigue. L’homme qui essaie à plusieurs reprises de se suicider suscite l’intérêt de la jeune femme. Un étrange couple se forme alors, une relation ambigüe et charnelle.
- Copyright : D. R.
De Crocodile (1997) à Entre deux rives (2015) en passant par L’arc (2004), l’élément aquatique a toujours hanté l’imaginaire de Kim Ki-duk : ainsi le film L’Île s’ouvre-t-il sur une immense étendue d’eau aussi irréelle qu’indéfinie. Y sont ancrés dans la brume des cabanons flottants aux couleurs pastel qui offrent aux amateurs de pêche l’opportunité de s’isoler ou aux couples illégitimes celle d’assouvir leurs plaisirs. Aussi énigmatique que mutique, Hee-jin, naïade à la beauté troublante et à la psyché troublée, transporte les clients sur sa barque et leur vend vivres et leurres ainsi qu’à l’occasion, ses propres appas.
Un décor très pictural donc et une situation à la fois foncièrement naturaliste et profondément étrange. Car échoue un jour sur cet étang surréaliste un meurtrier perclus de remords et recherché par la police, qui loue l’un des îlots pour se suicider en se ferrant la gorge avec des hameçons : mais, en le sauvant, la belle et farouche muette, sorte de Loreleï en miroir, lui met le grappin dessus. Dès lors, sans qu’ils n’échangent un seul mot, ces deux marginaux sont liés par une histoire d’amour fou, placée sous le signe de la jalousie ainsi que du sadomasochisme et que viendra perturber une histoire de meurtres.
- Copyright : D. R.
Délicieusement malsain, le film déploie ainsi tout un éventail de tortures, notamment sur des animaux, et d’automutilations amoureuses, d’un comique grotesque et d’une crudité parfois insoutenable : on voit ainsi un poisson nager sans ses flancs ou des humains péchés à la ligne, tant et si bien que l’on raconte que, durant la projection du film au Festival de Venise, une spectatrice s’est évanouie. Mais ils sont empreints d’une beauté convulsive qui permet le jaillissement d’images poétiques : dans la scène où la jeune femme retire les hameçons de la bouche de son futur amant, ceux-ci forment, sur la natte où elle les a déposés, des cœurs. Même s’il arrive donc que le spectateur perde un peu le fil, il ne peut qu’être saisi.
Deux ans avant The Coast Guard (2002), Kim Ki-duk inscrit manifestement son intrigue dans la lignée de chefs-d’œuvre comme La femme des sables (1964) ou L’empire des sens (1976), centrés autour de femmes pièges. Mais il construit également, avec un réel sens de la composition et du cadre (faut-il rappeler qu’il commença sa carrière artistique comme peintre ?), un fascinant huis clos à ciel ouvert et en eaux troubles où des personnages désespérés s’entre-déchirent avec une violence, mais aussi une tendresse inouïes.
- Copyright : D. R.
Le film prend même parfois un tour fantastique, par exemple lorsque Kim Ki-duk filme en caméra subjective, du point de vue d’une entité qui regarderait depuis le fond du lac. Et, comme le cinéaste n’explicite jamais ses intentions, chaque spectateur peut y aller de ses références et de son interprétation, sans que la multiplicité des niveaux de lecture possibles ne fasse jamais obstacle au visionnage du long-métrage.
Ainsi, le lac peut tout aussi bien représenter notre conscience (dans laquelle le refoulé peut surgir au tout moment par une des trappes que chaque îlot recèle) que la Corée du Sud dont la violence se libérait après des années de dictature militaire, d’autant que le scénario n’est pas dénué d’ancrage social. Ce qui est certain c’est que, quelle que soit sa signification, le long-métrage met le spectateur dans la posture d’un poisson hors de l’eau.
– Nomination pour le Lion d’or à la Mostra de Venise 2000.
– Corbeau d’or du Meilleur film au Festival international du film fantastique de Bruxelles 2001.
– Prix de la Meilleure actrice pour Suh Jung au Festival international du film Cinemanila 2001.
Prix du Jury et Prix de la Meilleure actrice pour Suh Jung) au festival Fantasporto 2001.
Galerie Photos
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