L’idiot- la critique + test DVD

Après Sagan de Diane Kurys en 2008, Jeanne Balibar et Sylvie Testud se retrouvent dans une adaptation de L’idiot de Fiodor Dostoïevski disponible en DVD le 8 juin 2010 couplée avec Octobre du même réalisateur.

L’argument : Nastassia Philippovna et quatre hommes. L’un, Totski, est son protecteur, qui veut se débarrasser d’elle pour faire un mariage de raison. L’autre, Gania est celui à qui on l’a promise contre une dot avantageuse. Le troisième, Rogogine, est son soupirant, marginal, ténébreux et riche. Enfin, il y a le prince Mychkine, qui l’aime follement et qui veut la « sauver ». C’est lui, l’Idiot, qui parle à tort et à travers, et qui sème la pagaille dans une soirée mondaine où il n’était pas invité. Mais n’est-ce pas ce que cherche, précisément, Nastassia Philippovna, femme-esclave qui a décidé d’arracher les chaînes et de s’enfuir, quitte à sacrifier l’amour pur de Mychkine ?

© Baba Yaga Distribution

Notre avis : Ce film tourné avec très peu de moyens dans un appartement durant l’été 2007 est l’adaptation littérale, quasiment au mot près, d’un épisode de L’idiot de Dostoïevski.

© Baba Yaga Distribution

L’action se déroulant entièrement lors d’une fête d’anniversaire chez Nastassia Philippovna, l’unité de temps et de lieu est totale, et les personnages sont présents du début à la fin, à l’exception de la « bande à Rogogine » qui fait irruption en plein milieu de la soirée. Conversations, joutes verbales, récits (chacun doit raconter sa plus mauvaise action) : la parole est omniprésente et donne à l’ensemble un air de théâtre filmé. Mais le film accorde autant d’attention à ceux qui écoutent qu’à ceux qui parlent et arrivent à créer une véritable tension. Le choix du noir et blanc évite à l’attention de se disperser et lui permet de se concentrer sur les visages, les attitudes, et sur ce texte admirable auquel les acteurs donnent toute sa saveur. Ils sont tous au diapason d’un jeu oscillant entre naturel et théâtralité. Jeanne Balibar, avec ses inflexions musicales subtilement dosées, et Pierre Léon lui même, très drôle en général Epantchine, mènent la danse. Des intermèdes musicaux arrivent à point nommé pour ponctuer le film : Valdimir Léon (Rogogine) chante in extenso une romance russe (en russe) et Benjamin Esdraffo joue du Grieg au piano.

© Baba Yaga Distribution

Tout cela garde un côté "amateur" au bon sens du mot. Le spectateur sera peut-être un peu perplexe, d’abord, en raison du choix des costumes modernes, et de la diction trop française et contemporaine des acteurs, mais il devrait vite accepter la règle du jeu et passer une heure en très bonne compagnie pour cette incursion moins superficielle qu’il n’y paraît d’abord dans un univers dostoïevskien à la violence feutrée.

Le DVD

Une édition simple mais qui offre un regard double sur deux adaptations de Dostoïevski.

Les suppléments
Pas de complément mais deux films indispensables pour le prix d’un, unis sous le signe de Dostoïevski.

– Lire aussi la critique d’Octobre

Image

Très correcte restitution de l’image en video HD. L’ image est froide mais de belle définition, qu’il s’agisse du noir et blanc de L’idiot ou des couleurs d’Octobre.

© Baba Yaga Distribution

Son

Le son mono d’ Octobre est par moment un peu saturé mais c’est certainement lié aux conditions de tournage. Dans L’idiot, voix et musique sont très présents et différenciés grâce à un son stéreo remarquablement capté et restitué.