L’autre petit père des peuples
Le 7 novembre 2014
Biopic finement documenté, L’homme du peuple salue la figure du héros polonais de la lutte anticommuniste. Andrzej Wajda s’improvise porte-voix de luttes inévitables.


- Réalisateur : Andrzej Wajda
- Acteurs : Maria Rosaria Omaggio, Iwona Bielska, Robert Wieckiewicz, Agnieszka Grochowska, Miroslaw Baka
- Genre : Drame, Biopic, Historique
- Nationalité : Polonais
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 02h04mn
- Titre original : Walesa. Czlowiek z nadziei
- Date de sortie : 19 novembre 2014

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Résumé : Lech Walesa est un travailleur ordinaire, un électricien qui doit composer avec une vie de famille, et sa femme Danuta. Alors que les manifestations ouvrières sont durement réprimées par le régime communiste, il est porté par ses camarades à la table des négociations. Son franc-parler et son charisme le conduisent vite à endosser un rôle national. Il ne se doute pas encore que sa vie va basculer, en même temps que la grande Histoire.
Critique : « Nous, le peuple ». De la crasse des chantiers navals de Gdansk aux émeutes sanglantes des années soixante-dix, Lech Walesa a marqué au fer blanc l’histoire de la Pologne. Récompensé du Prix Nobel de la paix au Congrès américain après avoir affranchi le pays de l’influence de l’URSS, le président fondateur historique de Solidarnosc voit ici l’œuvre de sa vie récompensée par l’immortalisation. Dernier volet du triptyque d’Andrzej Wajda, après L’homme de marbre et L’homme de fer, le film s’articule autour de flash-back, d’interviews, d’images d’archives de manifestations et de propagande.
- © Golem Distribución
Le long-métrage a suscité de nombreuses polémiques. Certains des conservateurs du Parti polonais voient en Lech Walesa un traître ayant accepté de négocier avec les autorités communistes. Andrzej Wajda, grand ami de l’homme politique, a tenté de rendre compte des évènements tels qu’il s’en souvient. Robert Wieckiewicz qui incarne l’ancien ouvrier est saisissant de réalisme, de la gestuelle aux intonations. Portrait sage d’une figure emblématique, L’homme du peuple comporte néanmoins une multitude de zones d’ombre que l’on aurait souhaité voir développées.
- © Golem Distribución
« L’artiste doit parfois faire comprendre à son peuple ce que celui-ci ne veut pas entendre. Il a besoin d’une liberté en quelque sorte double : liberté à l’égard du pouvoir, liberté à l’égard du public », assure Andrej Wajda dans Un cinéma nommé désir. On en vient donc à se demander si L’homme du peuple ne méritait pas davantage d’acerbité. Si le long-métrage bénéficie d’une rigueur et d’un véritable souci de justesse, ne devrait-il pas atteindre des sommets avec une ouverture sur le monde d’aujourd’hui ? « Arrache aux murs les dents des barreaux ! Brise les chaînes, casse le fouet ! Et les murs vont tomber, tomber tomber, et ensevelir le vieux monde. »