Le 3 juillet 2019
Le jour de la reddition officielle de soldats allemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 8 mai 1945, deux soldats polonais organisent un attentat sur une voiture, pensant qu’il y avait à bord un commissaire communiste nommé Szczuka. En réalité, ils tuent deux jeunes hommes innocents. Le soir même, ils s’arrêtent dans l’hôtel où loge Szczuka. C’est le début d’une crise d’identité pour le plus jeune des deux soldats. Un chef-d’œuvre !
- Réalisateur : Andrzej Wajda
- Acteurs : Zbigniew Cybulski, Waclaw Zastrzezynski, Ewa Krzyzewska
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Polonais
- Distributeur : Malavida Films
- Durée : 1h43 mn
- Reprise: 3 juillet 2019
- Titre original : Popiól i diament
- Date de sortie : 6 novembre 1959
- Festival : Festival de Venise 1958
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Résumé : 1945, jour de l’Armistice dans une petite ville polonaise, au cœur des combats entre communistes et nationalistes. L’un de ces derniers, Maciek, jeune mais aguerri par la lutte armée, reçoit l’ordre de tuer le nouveau secrétaire général du Parti. Mais un mauvais renseignement lui fait assassiner des innocents… Il attend un nouvel ordre lui permettant d’achever sa mission et au gré de ses déambulations dans cette petite ville, il rencontre une serveuse de bar avec qui il va vivre une liaison fulgurante...
Notre avis : Dix ans après la sortie du roman Popiół i diament de Jerzy Andrzejewski, Andrzej Wajda se charge de son adaptation cinématographique, co-scénarisée avec l’auteur du roman. Il en sort un film qui constitue un point de non-retour dans le cinéma européen, un chef-d’œuvre souvent considéré par les réalisateurs du Nouvel Hollywood, notamment Scorsese et Coppola, comme l’un des plus grands films de tous les temps. Soixante ans après sa sortie, et malgré une restauration du DCP qui ne manque pas de petites imperfections esthétiques, l’intensité dramatique de Cendres et diamant reste intacte. Le style de la mise en scène de Wajda est extraordinaire, le cadre d’une précision méticuleuse. Le réalisateur, décédé en 2016, articule son récit à la base réaliste et historiographique avec des symboles esthétiques dont il remplit les décors, des compositions poétiques et une infinie profondeur de champ.
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Troisième chapitre d’une trilogie commencée avec Génération (1955) et Ils aiment la vie (1957), le film s’inscrit dans une cohérence à la fois narrative et visuelle afin de raconter une histoire sur la tragédie de guerre après la guerre. Maciek fait partie des « partisans blancs » de Varsovie, qui pendant le siège de la ville, furent obligés de se cacher dans les égouts pendant soixante-trois jours, dans le but de libérer la capitale polonaise des nazis, pendant que l’Armée rouge faisait reculer les troupes allemandes. Dans le film, le passé de la guerre vécue n’est jamais explicitement montré, mais il est régulièrement évoqué, notamment dans les gros plans sur les protagonistes, qui se reflètent continuellement dans le film, dans les miroirs, les fenêtres, à la recherche de ce qui reste de leur identité après l’horreur de la guerre. Szczuka n’est pas un véritable opposant, il est simplement un être humain. Wajda ne critique pas les rythmes de la guerre, mais explicitement et uniquement la perte d’humanité et de solidarité en période de conflit armé. Dans cette fresque d’images contre la guerre, ce qui compte est donc l’approche néoréaliste et humaniste des personnages, en évolution ou involution continue. Maciek, soldat au début impitoyable, froid et misogyne, devient peu à peu un homme désespéré en pleine crise existentielle ; Drewnowsky, présenté avant tout comme partisan courageux, se transforme en un lâche ivrogne ; Szczuka lui-même semble de plus en plus humanisé, en train de redécouvrir sa propre identité de père à la recherche du fils disparu au front. Le film tourne autour de l’idée de la frontière : la chaleur et le froid, l’intérieur et l’extérieur, le sec et l’humidité, la poésie et la narration, l’ivresse et la sobriété excessive, Dieu et son absence, Varsovie et le reste de la Pologne.
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Chaque cadre se caractérise pour l’utilisation du champ profond et d’optiques très longues, comme pour repousser ces frontières, où les figures humaines se perdent, dans des espaces immenses et le brouillard. Dans ce contexte de frontières, la merveille de la paix se heurte avec la tristesse de la mort. Fatalement blessé, Maciek crie sa douleur et sa soif de vie, avant de s’effondrer sur lui-même, dans une course entre la réalisation de l’Histoire d’un côté et la fin de la vie de l’autre. Zbigniew Cybulski, l’acteur qui incarne Maciek, s’est inspiré dans son jeu d’acteur du James Dean de La fureur de vivre (1956) et, comme lui, il mourut jeune, dans un accident de train. Influencé par le cinéma américain, Wajda compose probablement le plus grand classique du cinéma polonais. Le titre est tiré d’un verset de Cyprian Norwid. Vénéré par le public polonais lors de sa sortie (mais pas par la critique officielle), le film fut présenté hors compétition au Festival du film de Venise en 1959.
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