Le 16 juillet 2003
Un livre qui offre une sublime réponse, mais pas définitive, au besoin de s’élancer vers les cimes.
Comment des hommes peuvent-ils tourner le dos à la vie "d’en bas" et à ceux qu’ils aiment pour aller risquer leur peau sur de dangereuses parois de glace et de pierre ? L’homme des hautes solitudes apporte une sublime réponse, discrète et pas définitive, mais résolument tragique.
Rand répare des toits d’église en Californie et vit avec Louise, quand il décide d’initier le fils de celle-ci à l’escalade. En haut d’une falaise, il rencontre Cabot, un vieil ami qui revient d’Europe et qui égrène les sommets alpins qu’il a gravis : la Cima Grande, Blaitière, l’éperon Walker. Rand, cet homme silencieux, passionné de montagne et sans attache, est alors gagné par l’appel des cimes des Alpes et s’envole quelques jours plus tard pour la Suisse, d’où il rejoint la mythique Chamonix.
Commence alors une existence violemment solitaire, exclusivement tournée vers la quête de nouvelles voies sur les plus célèbres parois du massif du Mont-Blanc. Certains passages pourront sembler quelque peu techniques pour le lecteur néophyte, mais il suffit de se laisser porter par ce récit aérien, par les somptueux paysages des Alpes, il suffit de suivre Rand dans ses ascensions et ses contradictions pour prendre avec lui de l’altitude et partager pleinement leur passion, celle de Rand et de ses compagnons de cordée, mais aussi celle de James Salter. L’homme des hautes solitudes, c’est en effet le roman d’un écrivain qui connaît la montagne, qui en a subi les inflexibles exigences, qui en a vécu les drames, mais qui a aussi été terrassé par ce sentiment de puissance gratuite, et donc de toute pureté, qui s’impose quand on atteint un sommet, après une lutte contre le froid, contre la peur, contre soi-même.
C’est aussi le roman, d’une poésie presque brutale, elliptique, de celui qui sait qu’à l’image de Rand, on ne va pas risquer sa vie en montagne pour devenir un héros. Mais parce que la montagne résonne d’un appel intime, exclusif, inexplicable pour ceux qui préfèrent rester dans la vallée. Rand est ce montagnard un peu rustre que d’aucuns jugeront comme un homme profondément égoïste quand d’autres reconnaîtront en lui ce touchant "conquérant de l’inutile" pour lequel la vraie vie commence sur la paroi des Drus.
James Salter, L’homme des hautes solitudes (Solo faces, traduit de l’anglais par Antoine Deseix), Editions des Deux Terres, 2003, 315 pages, 18,50 €
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