Le 20 août 2022
L’histoire sans fin ne dément pas son titre : la magie des contes est d’une richesse inépuisable et ce film culte des années 80 en est la preuve la plus tangible.
- Réalisateur : Wolfgang Petersen
- Acteurs : Patricia Hayes, Barret Oliver, Noah Hathaway, Tami Stronach, Gerald McRaney
- Genre : Science-fiction, Fantastique, Film pour enfants, Aventure, Film culte
- Nationalité : Américain, Allemand
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 3 mai 2024 21:05
- Chaîne : Gulli
- Reprise: 22 décembre 2010
- Titre original : Die unendliche Geschichte
- Date de sortie : 21 novembre 1984
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Résumé : Bastien, dix ans, est un passionné de romans d’aventures. Un jour, il dérobe un ouvrage merveilleux peuplé d’extraordinaires créatures. Il s’enfonce fébrilement dans l’univers fantastique de ce livre qui le fascine.
Critique : Oublions un peu Limahl, l’ex-chanteur du groupe new wave Kajagoogoo, qui interprète la bande originale du long métrage, affublé d’une coupe mulet, pas loin de redevenir hype. L’histoire sans fin n’est pas à son image, ne se réduit pas au film d’heroic fantasy kitsch, issu d’une décennie furieusement remise au goût du jour depuis quelque temps. Non, il s’agit plutôt d’une brillante translation d’un principe : ce que "Les livres dont vous êtes le héros" avaient compris, à peu près au même moment ("Le Sorcier de la montagne de Feu" de Steve Jackson et Ian Livingstone sort en français, en 1984, et obtient un grand succès).
En gros : l’imaginaire d’un enfant investit volontiers une histoire sur laquelle il peut influer. Avant même que les progrès technologiques ne permettent la sensation d’une immersion totale, l’aventure est offerte au jeune Bastien, qui prend les mots pour des images, vieille rengaine du cratylisme. Si bien que le texte s’anime.
Ici, le réel et la fiction se confondent, selon l’éternel fantasme du lecteur, petit ou grand, absorbé par le récit qu’il dévore. Pieux rêve de réalisateur fantastique, aussi, considérant la métaphore au pied de la lettre, brouillant frontières et identités. Chez Petersen, le jeune garçon devient, comme dans « Continuité des parcs », l’extraordinaire nouvelle de Julio Cortázar, au sens propre le protagoniste de l’histoire qu’il suit attentivement, même s’il ne le sait pas tout de suite. Au fil des événements et des sentiments habituels que peut susciter la lecture d’un conte (émerveillement, peur, tristesse...), la part qui lui revient en fait un allié de son double fictionnel, tandis que le récit déverse son lot d’inquiétudes dans le réceptacle du réel. Le monde de Fantasia qui se disloque, menacé par un Néant allégorique, motive la décision de la très jeune impératrice aux yeux mouillés : faire appel à Bastien, lui demander son aide.
- © 1984 Constantin Film, Bavaria Film, Westdeutscher Rundfunk, Warner Bros, Dieter Geissler Filmproduktion. Tous droits réservés.
Échappant à l’isolement que lui impose son existence, le héros incarne aussi l’archétype de la transgression juvénile : un libraire lui commande de ne pas toucher un vieux livre ? Il le vole, par curiosité, mais aussi pour s’extraire du réel où trois garnements le harcèlent, dont il se vengera. Enfin au calme dans un lieu hétérotopique (le grenier), le souffre-douleur peut investir une autre vie que la sienne.
Cette figure de l’enfant seul, trouvant un dérivatif dans l’imaginaire, a bien sûr été popularisée au cinéma par Spielberg, croisant des données sociologiques qui sont propres à l’histoire de la famille, à son évolution dans les années 80 (Bastien vit seul avec son père). Dans cette perspective, ce conte a tout de l’objet transitionnel, bien qu’il ne soit pas aussi rassérénant. Le monde inventé foisonne de créatures rassurantes (on évoquera une vraie peluche de chien, volant à travers les airs, projection symbolique du doudou), étranges (une immense tortue qui parle au même rythme qu’une chanson de Vincent Delerm, un colosse en briques) ou effrayantes (un loup réduit à deux yeux métonymiques, puis fonçant vers sa proie, dans les marais où meurt le cheval d’Atreyu). Tout le bestiaire du merveilleux, quelque part entre Lewis Carroll et Tolkien, est mobilisé par cette structure métadiégétique, dont le pouvoir de fascination demeure, malgré quelques effets spéciaux datés.
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