C’est arrivé à 14H14 !
Le 5 août 2010
Un troublant premier film, mélange de thriller psychologique et de mélo froid, magnifiquement interprété par Ksenia Rappoport et Filippo Timi.
- Réalisateur : Giuseppe Capotondi
- Acteurs : Kseniya Rappoport, Filippo Timi, Antonia Truppo
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Italien
- Date de sortie : 4 août 2010
- Plus d'informations : http://www.bellissima-films.com/heu...
– Durée : 1h35mn
– Titre original : La doppia ora
– Sortie en Italie : 10 octobre 2009
Un troublant premier film, mélange de thriller psychologique et de mélo froid, magnifiquement interprété par Ksenia Rappoport et Filippo Timi.
L’argument : Sonia est femme de chambre dans un hôtel. Guido est un ancien policier qui travaille comme gardien dans une villa isolée. Ils se rencontrent par hasard lors d’un speed dating. Peu de mots, une attraction instinctive.
En quelques jours, ils apprennent à se connaitre et sont sur le point de tomber amoureux... lorsque Guido meurt.
Sonia se retrouve seule et va tenter de trouver un sens aux événements. Alors que son passé refait surface, la réalité qui l’entoure commence à se fissurer : est-ce vraiment Guido qu’elle continue d’apercevoir, au-delà de toute logique plausible, ou est-ce seulement son esprit qui vacille ?
Et surtout, que fera-t-elle lorsqu’elle se verra offrir une seconde chance ?
Notre avis : Le titre français du premier long métrage de Giuseppe Capotondi, L’heure du crime, laisse attendre un banal film policier de plus. Certaines scènes de La doppia ora appartiennent effectivement au genre du giallo et recourent à des effets appuyés (montage, musique) pour prendre le spectateur à la gorge. Nous avons droit par exemple à l’inévitable scène de l’électricité coupée alors que l’héroïne est seule dans son appartement, aux prises avec une présence invisible et menaçante. Le réalisateur revendique ce recours aux procédés du film de genre mais en prenant le terme dans son acception la plus large, soit : « un film de genre qui puiserait à pleines mains dans le film noir, le mélo, le thriller et dans le film d’horreur psychologique. »
L’intrigue, quelque peu tarabiscotée, repose sur la notion de coïncidence, provoquée ou non (telle est la question pendant une bonne partie du film). Coïncidence symbolisée par l’idée de l’heure double. En effet plusieurs scènes capitales se déroulent, comme par un fait exprès, à 23H23 ou à 14H14. Ce principe de dédoublement est habilement développé et varié tout au long du film, dont l’intrigue même reprend quasiment à zéro en plein milieu, comme pour donner une deuxième chance aux protagonistes. Mais en est-ce vraiment une ? Ou la seconde version ne finira-t-elle pas immanquablement par reproduire la première ? La question ne sera pas vraiment résolue.
Car malgré les révélations faites progressivement au spectateur beaucoup de choses resteront en suspens jusqu’au bout et les personnages garderont une large part de mystère. L’apport des interprètes est ici décisif et ils contribuent grandement à la réussite du film. Ksenia Rappoport est étonnante et son prix d’interprétation à Venise est largement mérité. Sa Sonia tantôt fragile, tantôt dure, est parfaite d’ambiguïté et l’actrice parvient à nous faire partager ses doutes et ses peurs tout en conservant au personnage une totale opacité. Quant à Filippo Timi, sa belle présence inquiète est aussi impressionnante que dans Vincere.
Autour d’eux le film met en place des ambiances froides très suggestives. Que ce soit le grand hôtel où travaille Sonia, la luxueuse villa entourée d’un vaste parc dont Guido est le gardien et où il a installé un système de vidéo surveillance complexe, une piscine, un parking, des autoroutes la nuit.... : tous les décors, filmés à Turin et dans les environs, contribuent à la création d’une ambiance prenante et Capotondi sait maintenir une belle tension tout au long de cette belle oeuvre que la complexité du scénario n’empêche pas d’être à la fois limpide et troublante.
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roger w 7 août 2010
L’heure du crime - La critique
100% d’accord avec la critique ci-dessus. Le scénario faussement complexe est brillamment mené à son terme tout en donnant lieu à de très belles séquences d’angoisse et de suspense. Grâce au jeu des acteurs, on reste scotché durant toute la projection en se demandant où le cinéaste veut nous emmener. Toutefois, le procédé est un brin artificiel et ne permet pas au métrage de se hisser au rang des oeuvres impérissables. En cet été pauvre en films de qualité, il faut quand même saisir l’occasion.
Norman06 8 août 2010
L’heure du crime - La critique
De beaux accents hitchcockiens pour ce polar au scénario surprenant, combinant suspense de manipulation et onirisme en hommage à Vertigo. Filmé avec inspiration et élégance, voici un thriller comme on en voit peu dans le cinéma italien.
Jujulcactus 21 août 2010
L’heure du crime - La critique
Rarement tenté par le cinéma italien, « L’heure du crime » marque peut-être un tourant ! Ce Giuseppe Capotondi est un réalisateur à suivre, car avec ce premier film il signe une oeuvre singulière mélant les genres avec brio : comédie, thriller, romantique, drame, même fantastique, le tout avec une caméra savamment maitrisée ! Beaucoup de zooms, de plans décentrés, des jeux de lumières, des effets dont il n’abuse pas et qui rendent ses images vraiment belles, accompagnées d’une BO réussie. Les deux acteurs sont eux aussi formidables, sublimés par cette caméra, mais ils s’imposent d’eux même par la profondeur de leurs personnages tourmentés (mention spéciale à Kseniya Rappoport qui mérite amplement ses récompenses). Quand au scénario, il nous oblige à nous remettre en questions, nous faire douter des intentions de chacuns, de contrer nos affirmations, de repositionnez nos pions, et encore et encore : on se sens perdu, parfois déçu à la suite d’indices, de révélations, et puis on reconstruit l’histoire dans sa petite tête, se reforge un avis sur les peronnages, Capotondi joue avec nous jusqu’à nous faire sursauter... C’est très fort ! Même si quelques détails restent en suspend (je ne vois toujours pas le lien avec les différents suicides par exemple...), le film est bien ficellé et reste toujours vraisemblable. Le rythme assez irrégulier peu dérouter ou au contraire stimuler, relativement lent (mais dans le bons sens) il s’accelère vivement par moment avant de retomber quelques minutes plus tard. Une bonne surprise venue d’Italie, qui révèle un futur grand réalisateur, et une formidable actrice. A expérimenter malgré la distribution limitée...