L’été fantôme - La chronique BD

Ce livre vient à point nommé pour la dernière ligne droite avant la fin de l’année scolaire.
Mais attention cette bande dessinée n’est pas pour les enfants, c’est plutôt un ouvrage qui vous plongera dans votre passé…

L’été est souvent synonyme de tous les possibles, deux mois loin de la réalité, d’un quotidien terre à terre pour découvrir d’autres terres ou d’autres cieux, allez savoir ?

Croyez-vous aux fantômes  ?
Que savez-vous de ces derniers ?
Il parait qu’ils se déplacent tellement vite aux quatre coins des pièces qu’il est impossible de les voir.
On dit aussi que les enfants ont le pouvoir de voir des ectoplasmes. Louison notre personnage principal est toujours une enfant… ça tombe bien. Mais pour combien de temps encore ?

Quand la petite fille arrive dans la maison de sa grand-mère border-Alzheimer pour y passer ses vacances d’été, elle va faire la connaissance d’une étrange créature. C’est Lise, dont Louison apprend par une photo de famille qu’elle n’est autre que sa grand-tante, la sœur de sa grand-mère décédée alors quelle n’avait pas atteint l’adolescence.
La mamie, c’est celle à qui on ne la fait pas avec son p’tit chien qui aboie à tout va et dérange son voisin aigrit. Mais voilà elle perd un peu la boule, elle oublie un fromage dans un placard où un groupe d’asticots sème le dawa .
Elle ne sait plus trop - quand vient le soir - si elle a déjà nourri le chien, et avoue tout haut quand ce dernier lui tourne autour et en ouvrant une seconde boite de viande : "j’ai l’impression de me faire avoir ".

Alors comment Louison pourrait-elle avoir des informations fiables de sa part à propos de cet étrange ectoplasme qui partage ses vacances et qui voudrait jouer avec elle et l’amener dans sa cabane pour lui faire découvrir son monde ?

Les masques, les objets d’époque et le tic-tac en règle de l’horloge de la chambre dans laquelle Louison dort ne sont pas pour rassurer l’enfant, encore moins ses cousines qui racontent des histoires étranges le soir venu.
Est-ce que tout ceci est finalement réel ?
Louison se questionne et se méfie néanmoins de sa nouvelle amie qu’elle seule peut voir.

Entre la grand-mère et la petite fille, bien sûr le temps fait défaut.
On retrouve ici et là l’état d’errance dû à la fin de l’enfance quand l’adolescent ne sait où il ira et ce qu’il deviendra après le passage obligé par la puberté.
Dans cette BD on parle amourette, changement, trahison, désir, masturbation, jalousie et réconciliations, première cigarette et homosexualité.
Louison est à l’orée de la puberté.
Ses cousines sont la vie. Elles sont prêtes - sans le comprendre vraiment - à basculer dans l’âge adulte, avec la régression mentale qui va avec en raison de leur manque de confiance.
Lise représente la mort, le passé, l’immobilisme puisqu’une chose la retient dans cette maison…

L’absence de dialogue nous renvoie aux travellings de films, laissant le lecteur libre d’imaginer le reste du décor.
Ce récit est parsemé de petites touches d’humour avec une impression de scénario qui se déroule en plan-séquence avec un belle narration parfois glaçante.
Le livre nous transporte au cœur de l’été, l’éblouissement du soleil, l’odeur de l’iode, des pins, de la crème à bronzer, la sensation du sable sur la peau et celle de tous les sentiments liés au détachement de l’esprit en cette période propice aux découvertes.
Le trait de la dessinatrice est épais et noir, il enveloppe les personnages et les objets pour mieux contraster avec les touches pastelles de l’ouvrage qui lui donne une atmosphère obscure, étrange, intrigante mais chaude grâce à une magnifique technique de coloration et qui rehausse les dessins peu détaillés.

Il y aura un décès dans cet ouvrage… N’oublions pas non plus que même les animaux ont leur fantôme…