L’érection T1 - la chronique BD

Léa et Florent reçoivent un couple d’amis à dîner le soir de Noël. A partir de cette idée, Jim et Lounis Chabane nous servent sur un plateau un couple en crise.
Mais contrairement à d’habitude, en tout cas, contrairement à ses derniers récits, Jim choisit la dérision et l’humour. Au lieu d’un drame ponctué de légèreté pour le désamorcer, cette fois-ci ,c’est une belle comédie qui soudain, au détour d’une réplique choc, fait ressortir un malaise profond. Pour éviter de tourner en rond (ce qui est loin d’avoir été le cas dans ces opus précédents, précisons-le bien), Jim s’est fixé un nouveau challenge. Cette histoire en deux tomes est donc une comédie mais surtout un huis-clos dans le grand appartement haussmannien de Florent et Léa. Un hommage au théâtre, donc, à ces pièces de vaudeville qu’on pouvait voir avec humour dans l’émission « Au théâtre ce soir » qui a fait la joie des téléspectateurs il y a quelques années de cela. Cependant l’enjeu de la pièce n’est pas l’infidélité mais bien l’érection mentionné dans le titre. L’érection incontrôlable dont Florent « souffre » pendant le dîner et dont Léa perçoit la présence... au moment le moins opportun.

Voilà un sujet de discussion qui va les faire parler de sexe, d’amour et donc, forcément, de leur couple !
Léa et Florent sont attachants, on peut se retrouver dans ces deux personnages de parents flirtant doucement avec la cinquantaine. Du coup, on saisit leur frustration, on passe de l’un à l’autre, on les aime comme de vieux copains, ou même des reflets de nos vies.
Car là est la force de Jim, créer des personnages qui portent simplement la vérité de leur vie. On croit à leur existence, et ce n’est pas une histoire fictive mais une anecdote, un récit que vous fait un vieil ami qui passe vous voir : « Tiens, à Noël, j’ai vu deux amis, Florent et Léa, faut que je te raconte ce qui leur est arrivé ! ».
Ce premier tome se termine sur un cahier où les deux auteurs expliquent en toute simplicité leur démarche.

Les dessins de Lounis Chabane restent eux aussi pleins de vie, comme au dans un vaudeville, les personnages sont toujours en mouvement, dans une action, une attitude. Ils se posent mais ne s’arrêtent pas pour autant d’agir.
Le décor, ce grand appartement, leur correspond sans vraiment leur coller mais l’explication arrive dans l’histoire. Finalement, le seul détail qui fait tiquer c’est que cet appartement ne comporte pas trace de vie. Si des enfants habitent là, on ne sent pas leur présence. On aperçoit des photos sur un mur au détour d’une case mais ça s’arrête là. Pourtant, ils sont évoqués puisque Léa est soulagée de les avoir confiés à ses grand-parents pour Noël !

Mais cela n’enlève rien à l’humour de cette histoire, à cette drôlerie que rattrapent parfois si cruellement la réalité et le drame au détour d’un regard ou d’une remarque assassine.

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