Le 2 décembre 2018
Un huis-clos dans une prison de femmes dont on retient surtout la prestation de « la » Magnani.


- Réalisateur : Renato Castellani
- Acteurs : Anna Magnani, Giuletta Masina, Myriam Bru
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Les Films du Camélia
- Durée : 1h46mn
- Reprise: 9 janvier 2019
- Titre original : Nella città l'inferno
- Date de sortie : 3 juin 1959

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– Année de production : 1958
Résumé : Lina, une jeune fille un peu trop naïve, est jetée en prison à cause du jeune homme dont elle était amoureuse. Egle la prend alors sous son aile...
Notre avis : Le film s’ouvre et se ferme par l’arrivée d’un fourgon cellulaire à la maison d’arrêt, signifiant ainsi l’éternel recommencement de vies vouées à la prison : Egle, la « caïd » de la cellule, le sait bien qui oublie à chaque fois qu’elle sort à quel point la vie y est difficile. Qu’on ne s’attende pourtant pas à une œuvre misérabiliste (ni d’ailleurs non plus à un érotisme-voyeurisme), la détention y étant présentée sous forme adoucie : malgré la promiscuité et les quelques scènes de violence, le scénario insiste davantage sur l’humanité cachée de ces femmes et leur entraide. C’est une des limites de ce petit film que d’esthétiser à grande lumière la cohabitation forcée.
L’arrivée de Lina, jeune oie blanche grugée par un escroc, fait penser que l’histoire va développer une amitié forte entre Egle et elle, se centrer sur la psychologie de ces êtres brutalisés par la vie. Pour le meilleur et pour le pire, c’est plutôt vers une chronique qu’elle penche, alignant les petites intrigues et les personnages secondaires : on croisera donc Marietta, qui tombe amoureuse d’un homme qu’elle voit dans la rue par le truchement d’un miroir, et qui viendra contre toute vraisemblance la visiter ; la « comtesse », prête à escroquer les jeunes arrivantes naïves et d’autres encore, simples figures prétextes à dispute ou valorisation d’une protagoniste. En ce sens, le scénario est un peu lâche et donne parfois l’impression de naviguer à vue, jusqu’au retour de Lina, maladroit bien que la portée sociale en soit forte.
Il y a des séquences réussies, comme le moment du miroir où deux femmes hurlent des prénoms pour deviner celui de l’homme guetté. Mais ce qui imprègne fortement la mémoire, c’est ce personnage la « Berni », présentée comme une folle qui a tué sa petite fille, jusqu’à ce que son récit dévoile un drame de la misère. Et surtout, d’un bout à l’autre, il y a Anna Magnani qui, bien davantage que Giulietta Masina, plus crédible en victime qu’en prostituée hâbleuse, porte de sa fougue inouïe le film : cynique ou tendre, jalouse ou compatissante, elle fait de chaque séquence un morceau de roi, à la limite du cabotinage, emportant les facilités de l’intrigue dans un tourbillon parfaitement maîtrisé. Il lui suffit d’un regard, d’un geste ou d’une modulation vocale. À elle seule, elle justifie la vision de ce film inégal.
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