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Le 23 mai 2006
Sur fond de guerre qu’on ne nomme pas, une femme apprend à vivre et à oublier. Jusqu’à l’heure du resouvenir.
Sur fond de guerre qu’on ne nomme pas, une femme apprend à vivre et à oublier. Jusqu’à l’heure du resouvenir.
Née en 1925 dans une famille "sans joie, sans passion, sans amour, sans corps", Laurence Bertilleux a vécu, avec la guerre, un temps d’excitation, un temps vivant. La paix, pour elle, est un retour au rien. Elle s’engage dans l’armée comme elle renaîtrait. Bercée par cette vie collective au rythme imposé, sans le moindre espace pour le doute et très peu pour les pensées, la jeune psychologue goûte un bonheur engourdi, un enthousiasme flou. Par instant une vague douleur vient piquer sa conscience : quelque chose lui manque, qu’elle ne connaît pas : être touchée, désirée, que ses trop gros seins trimballés comme des corps étrangers deviennent beaux sous le regard d’un homme.
Cela elle ne le pense pas bien sûr, puisque justement elle ignore tout de ce qui en elle se languit. Son affectation - volontaire, enthousiaste même - en Indochine, dans ce pays gorgé d’odeurs, de bruits, de sensations lourdes -, sera de l’huile sur son feu intérieur. De cette marmite explosive sur fond de guerre qui ne dit pas son nom sortira un drame vite noué, vite oublié et tu. Mais au seuil de la mort, Laurence l’honnête femme ne pourra faire autrement que lui donner la place qui lui revient : fondamentale, écrasante comme peuvent l’être les fautes jamais affrontées.
Pascale Roze, d’une écriture sèche et nerveuse - on l’entendrait presque dire "là, là, tout doux" tant les mots courent, sont fougueux -, armée d’images précises et d’un "nous" qui met le lecteur au centre des histoires (avec grand et petit H) réussit le portrait d’une femme exemplaire ; exemplaire parce qu’elle est brave et aussi parce qu’elle est un pur produit de son temps tout en certitudes aveuglantes. En laissant remonter le sang de cette eau rouge, en désignant une poignée de victimes de part et d’autre, c’est à tous les morts et les abîmés des guerres que l’auteur permet de faire surface.
On salue ce texte engagé, tout vibrant de morale sans jamais être moralisateur. On salue le courage qu’il a impliqué. On salue aussi sa beauté de pluie battante, limpide et brutale.
Pascale Roze, L’eau rouge, Stock, 2006, 148 pages, 16 €
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