Le 30 janvier 2021
Un film de copains qui permet à chacun de cabotiner. Lelouch compose une ode à l’amitié virile qu’on peut qualifier de comédie réactionnaire.
- Réalisateur : Claude Lelouch
- Acteurs : Johnny Hallyday, Lino Ventura, Aldo Maccione, Charles Denner, Charles Gérard, Catherine Allégret, Nicole Courcel, André Falcon, Yves Robert, Xavier Gélin, Jacques Brel
- Genre : Comédie, Aventure
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Les Artistes Associés
- Durée : 1h58min
- Date télé : 10 juin 2024 23:48
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Date de sortie : 4 mai 1972
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Résumé : Les banques n’étant plus d’un rapport assez lucratif, cinq truand décident de se recycler en enlevant des personnalités. Le premier sur la liste n’est autre que Johnny Hallyday.
Critique : Cette histoire de Pieds Nickelés qui montent des escroqueries en se moquant du contexte politique de l’époque (entre autres, les guérillas marxistes, les revendications féministes) est un immense pied de nez aux engagements qui marquent les années post-68 et une ode à l’amitié virile où les femmes figurent au second plan. Comme s’il fallait remettre la société sur ses pieds, en rétablissant l’ordre machiste, sous couvert de plaisanteries qui ne concernent que des mâles dominants : dans cette bande de cinq escrocs qui enlèvent Johnny Hallyday, le pape, s’improvisent mercenaires pour des séditieux d’Amérique du Sud, chacun joue sa partition comme si de rien n’était. Qu’on ne s’y trompe pas : derrière l’apparente folie d’un film fouillis, le cinéma de papa envoie ses plus fidèles lieutenants à l’assaut d’un monde nouveau qu’il rejette, parce qu’il ne le saisit pas. L’inconsistance filandreuse d’un scénario paresseux n’arrange rien, puisqu’elle n’engendre que des scènes à faire, souvent outrancières.
On le sait : l’origine du long-métrage potache est un repas où Lelouch, convié avec des journalistes des Cahiers du Cinéma, n’a rien compris à ce qu’il a entendu. Il en déduira que "les intellos mélangent tout". L’aventure, c’est l’aventure est le prolongement filmique de cet amalgame poujadiste.
Dans une configuration traditionnelle, les hiérarchies sont bien marquées entre les premiers et les seconds rôles (Ventura/Brel/Denner, les meneurs, Maccione/Gérard, les abrutis suiveurs), avec un choix très réfléchi de la saillie désinvolte, lorgnant sur l’anar de droite Michel Audiard, flinguant à tout-va la politique à laquelle on ne pige finalement rien, ce qui aboutit au "tous pareils" serti dans l’écrin d’une constante dérision. Ainsi, au chef d’une junte, le personnage qu’interprète Ventura parle de "marxisme tendance Groucho". Gabin aurait pu le dire dans un film de Grangier, finalement. "Mais c’est pour rire", rétorqueront les thuriféraires du réalisateur. Entre mecs, oui. Dans un monde à la hauteur de nos bons mots, où les féministes ne nous emmerderaient plus.
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