Le 21 avril 2016
Un film exigeant et aride mais qui passionne par ses audaces et sa beauté.
- Réalisateur : Marcel Hanoun
- Acteurs : Michael Lonsdale, Tamia
- Genre : Expérimental
- Nationalité : Français, Belge
- Editeur vidéo : RE:VOIR
- Durée : 1h15mn
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Un film exigeant et aride mais qui passionne par ses audaces et sa beauté.
L’argument : Enfermés dans une salle de montage, un cinéaste et sa monteuse s’aiment, discutent cinéma et parlent de leurs projets de films.
Notre avis : Radical et épuré, L’Automne se présente comme une suite de plans fixes, souvent des visages, et « raconte » le montage d’un film par le réalisateur et une assistante. En même temps que l’œuvre en train d’advenir, les deux personnages se découvrent et se comprennent, tout en « vivant » eux-mêmes un film, les yeux constamment fixés sur la table de montage, qui est le vrai contrechamp. De cette lente évolution naît une douceur enveloppante, envoûtante même, à laquelle une musique savamment distribuée (Mozart, Mahler et Bach sont convoqués en tant que bande originale du film de Julien, Juliette sacrifiée, dont on parle beaucoup, en même temps que de L’ Automne) donne une profondeur et une belle gravité.
Mais en même temps le film poursuit deux pistes ; l’une, très « expérimentale », joue à déconstruire les codes du cinéma : effets de montage, noirs, dialogues dé-synchronisés, refus du mouvement de caméra comme des personnages, erreurs de textes … L’autre, au moins aussi intéressante, vaut art poétique : Hanoun y dit ses inspirateurs ( Bergman, Pasolini, Dreyer), évoque Velasquez, mais cite aussi Flaubert ou Mallarmé. Surtout, il donne des clés sur le montage ou l’ « authenticité », l’intelligence attendue du spectateur. À cet égard une courte scène, dans laquelle un zoom réalisé par Hanoun est rejeté dans le film de Julien, dit assez le rapport entre les deux œuvres et la volonté du cinéaste de livrer une réflexion en actes. C’est sans doute ce qui passionne le plus, à la fois l’expérimentation et son commentaire, une sorte de métafilm exigeant dont l’intelligence aride est une fête de l’esprit.
Disons-le, L’ Automne n’est pas un film facile : aussi éloigné du cinéma classique que du contemporain, a-narratif, bavard, il peut exaspérer ; mais à qui prend le temps de se lover dans cet essai stimulant, il dévoile des richesses neuves et un rythme fascinant. Rien en tout cas de banal ou d’habituel, une autre manière de faire du cinéma, belle et émouvante, jusqu’au lyrisme final.
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