Le 12 avril 2011
L’autobiographie de Nicolae Ceasusescu se présente d’emblée comme un documentaire historique majeur qui renouvelle le genre.
- Réalisateur : Andrei Ujică
- Genre : Documentaire, Historique
- Nationalité : Roumain
- Durée : 3h00mn
- Titre original : Autobiografia le Nicolae Ceausescu
- Date de sortie : 13 avril 2011
- Festival : Festival de Cannes 2010
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Résumé : Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir un président communiste.
Critique : Ce documentaire fleuve est le troisième volet d’une trilogie initiée par le cinéaste en 1992 avec Vidéogrammes d’une révolution et poursuivie en 1995 par Out of the present. L’objectif de Andrei Ujică était de mettre en lumière un maximum de documents officiels et privés afin de dresser le portrait d’un homme d’État qui a marqué la Roumanie par sa mégalomanie, son autoritarisme et ses méfaits sanglants. Constitué uniquement d’images d’archives, sans voix off ni témoignages, le film est d’abord un document historique passionnant par la profusion d’images d’époque : commémorations officielles, réunions du parti communiste, visites de chefs d’État étrangers (de Gaulle, Nixon), films de vacances (les Ceausescu en villégiature, ou aux studios Universal)... Le documentaire dresse le portrait d’un homme plus complexe et stratège qu’il n’en avait l’air : petit père des peuples inculquant le catéchisme du matérialisme dialectique, bâtisseur industriel entrepreneurial mais aussi nationaliste forcené ; ce même nationalisme l’amène à changer le nom du « parti communiste » en « parti communiste roumain » mais aussi à prendre le risque de s’attirer les foudres de l’URSS lorsqu’il condamne avec véhémence l’entrée des chars soviétiques à Prague. Plus conciliant avec la Chine de Mao et usant de diplomatie vis-à-vis du bloc occidental, Ceausescu s’exhibe à de kitchissimes parades célébrant le pacte de l’amitié sino-roumaine, tout en réussissant à être l’hôte officiel de Sa Majesté la reine Elisabeth... Les années 80 seront moins glorieuses, incarnant l’usure du pouvoir et l’anachronisme : il faut le voir sermonner les Roumains de donner le meilleur d’eux-mêmes afin de combattre la crise économique, recevoir Gorbatchev à contrecœur et proclamer que la Roumanie cessera d’être communiste « le jour où les poules auront des dents », avant de tenter un trait d’autodérision par l ’évocation des progrès de la génétique. Loin de lasser, le dispositif chronologique est d’autant plus passionnant qu’un long flash-back est au cœur de l’autobiographie, le film démarrant et s’achevant sur les célèbres séquences de son procès expéditif. Même si certains points auraient pu être mieux mis en exergue (notamment son rôle dans le massacre de Timisoara), L’autobiographie de Nicolae Ceasusescu se présente d’emblée comme un documentaire historique majeur qui renouvelle le genre.
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