Le 16 avril 2021
- Titre original : An American Sunrise
- Date de sortie : 7 avril 2021
- Titre original : An American Sunrise
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
Les poèmes de Joy Harjo battent l’air et la terre, imprégnés de souvenirs et d’âmes animales, de pollen floral, balafrés par les cicatrices irréparables du passé.
Résumé : 28 mai 1830. Le président Jackson signe la loi de déportation des peuples amérindiens. Cinq tribus de l’Est, dont les Cherokees et les Creeks, prennent la route de l’exil, qui sera appelée « la Piste des larmes ». Avant le départ certains sont forcés d’assister à l’intrusion dans leurs maisons de colons armés de Bibles et de fusils. Deux siècles plus tard, Joy Harjo décide de revenir sur ces terres par de vieilles pistes. Pour dire l’espérance sans taire la colère. Pour rendre justice à la souffrance sans négliger l’amour intact de la Nature et de tous ses habitants. Pour maintenir la mémoire vive sans entraver le repos des morts. Pour accomplir les rituels, pour réparer ce qui peut l’être, pour épargner aux enfants et petits-enfants les nœuds inextricables des regrets. Pour célébrer, en poète, les noces du deuil et de la paix de l’âme, de l’horreur et de l’aurore américaines.
Critique : Joy Harjo, dans une langue qui chante, qui s’élève en volutes comme la fumée des feux de joie, des feux des soirées où histoire et nature fusionnaient, raconte son peuple, la cicatrice qui meurtrit toujours sa chair, cent cinquante ans plus tard. La Piste des Larmes, ou l’exil forcé des Amérindiens, loin du monde qui était le leur, qui faisait battre leur cœur au même rythme que le pouls de la Terre. Andrew Jackson et sa politique populiste ont chassé ces hommes et ces femmes, descendants des animaux, des fleurs et des arbres. Joy Harjo leur rend hommage, se fait la voix de la nation muscogee (Creek) à laquelle elle appartient. De retour sur la terre de ses ancêtres, elle se laisse guider par les mirages, par les souvenirs, par les images qui naissent du sol et grimpent vers le ciel, par le soleil, le crépuscule muscogee et l’aube américaine. Elle écrit la famille, l’herbe et la rosée, les pétales et le pollen, les musiques, la douleur, l’arrachement, le sang et la mémoire comme héritage. Elle écrit aussi la fumée et l’alcool, refuges de brume où se dissimulent les pensées noires des Indiens d’hier et d’aujourd’hui, habités par les esprits du passé.
Pour ne pas oublier, elle relate, martèle. Les poèmes se font écho, se répètent aussi, souvent. Ils sont inégaux, certains touchent en plein cœur, effleurent la peau et la font frissonner, tandis que d’autres restent à la surface de notre conscience.
Entre rythme lancinant et haché, ses mots habitent la page, dansent comme les corps sombres dans l’ombre du souvenir. S’intercalent comme fil conducteur des bribes d’Histoire, des rappels des batailles et des décisions qui firent vriller le destin de tant de peuples. Certes traduits par Héloïse Esquié, les vers originaux de Joy Harjo se condensent sur les pages de gauche du livre, l’anglais permettant cette fluide souplesse ramassée que le français étire, allonge, alourdit. Deux mondes cohabitent ainsi, à gauche celui de la poétesse amérindienne et à droite celui que la traductrice s’est efforcée de créer à partir de ses mots, effaçant nécessairement des qualités inhérentes au texte anglais.
Joy Harjo - L’aube américaine
Globe
15 × 22,5 cm
220 pages
15 €
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Galerie photos
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